Imaginez le scénario suivant :

Vous avez le choix entre un gain de 333 000 $ (l’option A) ou un jeu de hasard qui procure 50 % de chance de remporter 5 $ et 50 % de chance d’obtenir 750 000 $ (l’option B).

Quelle option choisissez-vous?

Nul besoin de procéder à une analyse très approfondie pour se rendre compte que l’option A s’avère le choix le plus responsable. En effet, la simple idée de remporter uniquement 5 $ rend l’option B beaucoup moins attrayante.

En 2018, Luis Green, un Américain âgé de 28 ans, a fait face à ce dilemme lors de son passage au jeu télévisé Deal or no Deal, la version américaine de la défunte émission québécoise du même genre, Le Banquier. Malgré la pression exercée par la foule pour qu’il accepte l’offre du banquier (333 000 $), il a tenté en vain de gagner 750 000 $. Eh oui, il a quitté le studio de télévision avec un chèque de 5 $… Pour les curieux, voici l’extrait vidéo de ce moment mémorable.

 

L’approche du « tout ou rien »

À l’image de Luis Green, en Bourse, nous avons tendance à prôner une pensée dite binaire, c’est-à-dire le « tout ou rien ». Lorsque les indices de référence enregistrent de nouveaux sommets historiques, nous négligeons la gestion du risque sous la prémisse que la tendance haussière va se poursuivre au même rythme, tandis que lorsque les marchés financiers s’effondrent, c’est plutôt l’inverse qui se produit : nous demeurons sur les lignes de côté, car nous craignons que les prix reculent davantage. Dans le cas précédent, le problème est qu’historiquement, le rebond des cours tend à être explosif dans un marché baissier.

D’une part, depuis 1932, le S&P 500, le principal indice de référence américain, a généré un rendement moyen annualisé incluant les dividendes d’environ 9,5 %. En appliquant cette performance moyenne historique et en sachant que le S&P 500 a reculé de plus de 50 % entre octobre 2007 et mars 2009, il aurait fallu attendre sept ans pour qu’il s’échange de nouveau à son sommet enregistré à l’automne 2007. Or, le S&P 500 a atteint ce niveau en l’espace de trois ans et deux semaines! D’autre part, selon le tableau ci-dessous, encore pour le S&P 500, l’ensemble des épisodes de rebond d’au moins 20 % de son cours survenus à l’intérieur d’une période de 15 jours ont été précédés d’une chute de son prix d’au moins 10 % sur une période équivalente.

Rebond des cours – période de 15 jours

Baisse des cours – période de 15 jours

Décembre 1929 +27,1 % -36,3 %
Août 1932 +55,2 % -26,8 %
Mai 1933 +37,7 % -18,2 %
Avril 1938 +22,9 % -21,1 %
Juillet 1938 +26,1 % -12,8 %
Octobre 1938 +20,2 % -10,1 %
Mars 2009 +22,0 % -20,0 %
Avril 2020 +27,2 % -27,6 %

Source : Ben Carlson. Stocks Just Took The Elevator Down & The Elevator Up. A Wealth of Common Sense, 18 avril 2020.

Bien qu’il n’y ait aucune garantie que le récent rebond du S&P 500 (+27,2 %) signifie nécessairement la fin du marché baissier, nous devons admettre qu’il est impossible de prédire
avec exactitude l’arrivée d’un creux boursier et, par ricochet, de déjouer le marché boursier.

Au lieu d’adopter une philosophie d’investissement axée sur le « tout ou rien », il est donc primordial de demeurer investi par l’intermédiaire d’un plan d’investissement systématique, c’est-à-dire d’investir, de façon automatique, la même somme d’argent à une fréquence régulière dans un portefeuille bien diversifié qui correspond à ses objectifs de placement et à sa
tolérance au risque. Bref, je vous invite à accepter l’offre du marché boursier, soit celle d’une tendance haussière à long terme!

Sources :

Ben Carlson. Stocks Just Took The Elevator Down & The Elevator Up. A Wealth of Common Sense, 18 avril 2020.

Spencer Jakab. Heads I win, tails I win, Portfolio/Penguin, 2016.

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