Selon Shane Parrish, auteur du blogue Farnam Street, la prise de décision est un processus exigeant qui nécessite de l’effort et de la concentration. Par conséquent, nous privilégions souvent une analyse plus rapide basée sur notre première opinion. En agissant ainsi, nous omettons d’examiner la situation de manière rigoureuse, notamment en nous posant une série de questions menant notre réflexion à un niveau supérieur. C’est ce qu’on appelle le biais de la première conclusion. Afin de mieux comprendre cette erreur de jugement, il est pertinent de se référer à une étude menée par Frédéric Brochet, docteur en œnologie — la science qui a pour objet l’étude et la connaissance du vin.

Dans un premier temps, l’expert a sélectionné un vin moyen de la région de Bordeaux qu’il a versé dans deux bouteilles ayant des étiquettes différentes : un grand cru et un vin de table. Dans un deuxième temps, un groupe de connaisseurs devait déguster et décrire les deux vins en utilisant des termes précis. Bien qu’ils aient goûté le même vin, ils ont vécu une expérience complètement opposée. Pour le grand cru, le vin était considéré comme étant agréable, boisé et complexe, tandis que le vin de table était perçu comme étant plutôt léger, fade et même défectueux! D’après Frédéric Brochet, ce constat s’explique par le fait que nos attentes influencent notre expérience sensorielle. En effet, notre perception de la qualité d’un vin nous amène à porter, de manière inconsciente, un jugement instantané et sans équivoque, et ce, avant même d’y avoir goûté.

Dans le domaine de l’investissement, le biais de la première conclusion est aussi très présent. Par exemple, en 2018, l’action d’India Globalization Capital est passée de 0,37 $ à 13 $ après que la direction ait promis un traitement à base de cannabis pour combattre, entre autres choses, les maladies d’Alzheimer et de Parkinson, les troubles alimentaires ainsi que, tenez-vous bien, l’épilepsie chez les chats et les chiens! De nombreux participants de marché se sont donc emballés à l’idée d’investir dans une compagnie ayant un potentiel de croissance aussi impressionnant.

Malheureusement, comme vous vous en doutez sûrement, cette belle poussée haussière s’est envolée en fumée…

Toutefois, un investisseur sérieux se serait rendu compte rapidement que cette quête de rendement n’était qu’un mirage. D’une part, au cours des 18 mois précédents, la direction n’avait alloué qu’un montant ridicule d’environ 400 000 $ à son programme de recherche et développement et, d’autre part, le simple exercice de s’informer de l’emplacement du siège social aurait soulevé des soupçons.

En grande primeur, voici la photo de l’endroit où la direction tentait de trouver des solutions à des problématiques de santé aussi importantes!

Je vous invite donc à faire vos devoirs, sans quoi l’investissement boursier risque de vous laisser un arrière-goût amer…

Source :

Ciara Linnane, Francine McKenna et Tomi Kilgore. The collapse of this cannabis stock offers a valuable lesson to every investor. MarketWatch, 27 novembre 2018.

 

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