La vie est courte.

C’est une expression que l’on entend souvent lorsqu’on apprend le départ soudain d’une personne qui nous est chère.

On aurait aimé avoir pris le temps de la saluer une dernière fois, de la remercier pour tous les beaux moments qu’elle nous a fait vivre ou simplement de passer un dernier moment de qualité avec elle.

Jonathan, cela fait exactement 21 ans que tu nous as quittés d’une manière tragique et totalement inattendue. J’aurais tellement aimé avoir une dernière discussion avec toi, question de prendre de tes nouvelles, de connaitre tes projets et de te féliciter pour la naissance de ta fille. 

Malheureusement, je n’ai pas pris le temps…

On évoque souvent cette raison devant le fait accompli.

– Je n’ai pas pris le temps de m’occuper de ma santé;

– Je n’ai pas pris le temps de prendre des vacances;

– Je n’ai pas pris le temps de réfléchir à un changement de carrière;

– Je n’ai pas pris le temps de faire le point sur ma vie;

– Je n’ai pas pris le temps de fermer mon cellulaire lors de mon récent échange avec mon ami.

Bien entendu, il n’y a que 24 heures dans une journée et nous devons faire des choix. Idéalement, ces derniers doivent correspondre à nos priorités, sans quoi notre attention sera continuellement portée vers les différentes tentations et demandes du quotidien imposées par notre environnement externe. Pour ma part, il s’agit entre autres de ma propension à consulter fréquemment Facebook, de ma fâcheuse habitude de réagir rapidement aux notifications de mon téléphone intelligent et de prioriser le travail durant le week-end. Comme le rappelle si bien l’autrice Julie Maroh, « Si j’avais su que le temps me manquerait, je ne l’aurai pas gaspillé à ce point-là ».

Aujourd’hui, j’ai envie de revenir à l’essence même du mot priorité, c’est-à-dire à son sens singulier.

Dans son livre Essentialism, l’auteur Greg McKeown raconte la surprenante évolution de l’utilisation du mot priorité au fil du temps. Ce terme a fait son apparition dans la langue anglaise au 15e siècle et il désignait alors l’état d’une chose qui est la première de plusieurs autres ou qui est avant une autre. Ce mot était écrit au singulier, et ce, pendant les cinq siècles suivants. C’est seulement au 20e siècle que nous l’avons pluralisé, ce qui explique la raison pour laquelle nous parlons de l’importance d’établir non pas une, mais plusieurs priorités.

Au lieu d’avoir l’objectif d’accomplir un tas de choses dans le plus court délai possible, je tenterai de respecter davantage la valeur du temps et de me concentrer sur ce qui est vraiment important à mes yeux. C’est ma priorité numéro un.

Jonathan, lors de tes funérailles, je me suis rendu compte que tu avais vécu ta vie en fonction de cette même priorité. En effet, tu incarnais à merveille cette citation du philosophe Sénèque : « L’essentiel est l’emploi de la vie, non sa durée ». En cette journée toute spéciale, je te remercie pour ce rappel si important…

 

Source :

Greg McKeown. Essentialism: The Disciplined Pursuit of Less. Currency, 2020.

Crédit image :  Depositphotos

 

 

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