Il y a des photos qui racontent plus qu’un souvenir. Celle où je pose, en veston rouge, devant le logo du Vogue, en fait partie.

Le 17 juillet 1995, à l’âge de 20 ans, j’ai mis mes études sur pause pour reprendre, avec mon ami Patrick Turcotte, la discothèque du Vogue, située au 2e étage d’une bâtisse sur la rue d’Artigny. Le fonds de commerce valait 7 500 $ — une somme modeste, mais un pari immense. Il y avait là un mélange de naïveté, d’enthousiasme et d’envie de bâtir quelque chose à notre image.

Je n’ai pas fait ça toute ma vie, mais cette aventure a tout changé.

Elle a été mon école d’entrepreneuriat : j’y ai appris à décider sans avoir toutes les réponses, à improviser sans filet, à apprendre en marchant. Ce premier projet a posé les bases d’un cheminement que je ne pouvais encore imaginer.

Depuis, mon parcours a pris plusieurs formes. J’ai changé de secteurs, relevé des défis inattendus, traversé des périodes de doute, de croissance, de repositionnement. J’ai ajusté le cap plus d’une fois. Et si rien n’a été parfaitement linéaire, chaque détour m’a permis de comprendre un peu mieux ce qui me ressemble — et ce qui m’élève.

Avec le temps, j’ai saisi une chose essentielle : ce n’est pas notre position actuelle qui compte, mais l’élan que l’on crée.

C’est une idée que j’ai retrouvée dans l’univers du blogueur Sahil Bloom, qui oppose deux manières de penser : le position-thinking et le trend-thinking.

La pensée axée sur la position (position-thinking) fige notre regard sur ce que les autres semblent avoir atteint — leur titre, leur maison, leur image sociale. Elle invite à la comparaison, souvent stérile, parfois paralysante.

La pensée axée sur la tendance (trend-thinking), elle, nous ramène au présent. À nos gestes. À ce que l’on peut influencer ici et maintenant : nos habitudes, nos décisions, nos efforts du quotidien. C’est une posture puissante, parce qu’elle rend à nouveau possible ce qui semblait figé. Elle mise sur le progrès réel, pas sur l’illusion de la perfection.

J’ai accepté des emplois que je n’aurais pas imaginés, fait des erreurs qui m’ont appris bien plus que certains succès, développé des compétences sur le terrain, loin des manuels. J’ai recommencé, réajusté, recommencé encore. Et ce sont ces accumulations discrètes — ces pas répétés — qui ont façonné ce que je suis devenu.

Je n’ai pas de vérité toute faite. Mais je crois ceci :

Rien ne remplace la force tranquille d’un mouvement engagé.

Alors, si vous avez parfois l’impression de faire du surplace, je vous invite à changer de regard.

Posez-vous ces trois questions :

– Si je répétais ma journée d’aujourd’hui pendant 100 jours, où me mènerait-elle ?

– Quelle habitude simple pourrait doucement faire évoluer ma trajectoire ?

– Quels signes subtils, mais tangibles, révèlent déjà mon progrès ?

Faites confiance à la tendance.

Parce qu’au fond, ce ne sont pas les raccourcis qui dessinent nos vies, mais la fidélité invisible à ce que l’on construit, un pas à la fois — loin du bruit, mais toujours en direction.

Source :

Sahil Bloom. A Simple Reframe to Improve Your Life, Curiosity Chronicle. 7 juillet 2025.