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Être là…entre le début et la fin
À l’occasion de la semaine de la santé mentale (du 5 au 11 mai), j’aimerais que nous prenions un moment pour réfléchir à notre manière d’être présent les uns pour les autres.
Il est facile d’être là au début. Et tout aussi naturel d’être là à la fin. Ce sont des moments forts, visibles, chargés d’émotion. Lorsqu’un proche fait une annonce importante — lancer une entreprise, entamer une nouvelle étape ou, encore, parler ouvertement de sa détresse ou de sa dépression — notre élan est souvent immédiat. On envoie un mot, on propose de l’aide, on exprime notre soutien. Et si la personne réussit à traverser l’épreuve, à aller mieux, à trouver un nouvel équilibre, on est là pour célébrer. On applaudit le courage, la résilience.
Mais entre ces deux moments… il y a souvent un long silence.
C’est là, dans l’entre-deux, que le besoin d’être soutenu est le plus grand — et paradoxalement, que le soutien se fait le plus rare. Lorsque les jours se ressemblent, que les nuits sont lourdes, que le doute et l’épuisement s’installent, il y a souvent peu de messages. Peu de suivis. Peu de présence.
Pourquoi ? Pas par manque de bienveillance, non. Mais parce que la constance demande du temps, de l’énergie, de l’attention. Parce que nos vies sont remplies, nos agendas chargés. Et aussi parce qu’on ne veut pas déranger, ou parce qu’on ne sait pas quoi dire. Alors, par prudence ou par gêne, on s’efface. On attend que ça aille mieux pour revenir.
Pourtant, c’est précisément pendant l’épreuve que notre présence peut être la plus significative; pas pour apporter des solutions, juste pour rappeler qu’on est là. Pour dire : « Je pense à toi, tu n’es pas seul(e) ». Un simple message, un appel sans raison précise, une invitation à marcher, à jaser, à se sortir un peu la tête de l’eau.
Parce que la santé mentale, ce n’est pas une ligne droite. Ce n’est pas une histoire avec un début et une fin bien définis. C’est souvent un parcours en zigzag, semé d’étapes invisibles, de rechutes discrètes, d’avancées fragiles.
Et dans ce parcours, le plus beau cadeau qu’on puisse offrir, c’est notre fidélité. Notre capacité à être là quand il ne se passe « rien », à accompagner dans les creux, pas seulement dans les pics.
Cette semaine, et tout au long de l’année, développons ce réflexe d’être là durant. Parce que parfois, c’est dans les moments les plus silencieux qu’un geste simple peut faire toute la différence.
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Un grand merci pour votre soutien !
Le 1er mars dernier, j’ai eu le plaisir de publier mon deuxième livre, Ni noir ni blanc : investir à la Bourse avec les modèles mentaux, dans le cadre d’un projet alliant éducation financière et philanthropie, réalisé en collaboration avec le Groupe Ouellet Bolduc, Valeurs mobilières Desjardins.
Seulement 1000 exemplaires avaient été mis à la disposition du grand public, avec un engagement clair : pour chaque copie vendue, 10 $ seraient remis à la Fondation du Groupe Ouellet Bolduc. Aujourd’hui, je suis ravi de vous annoncer que l’ensemble des copies a été vendu et que, grâce à votre incroyable soutien, l’objectif ambitieux de 10 000 $ a été atteint !
Votre enthousiasme et votre appui ont permis de remettre officiellement la somme de 10 000 $ à la Fondation du Groupe Ouellet Bolduc. Cette contribution servira à soutenir des initiatives ayant un impact positif et durable, en lien avec des valeurs qui nous tiennent à cœur : la santé, les saines habitudes de vie et l’éducation financière.
Parmi les projets récemment soutenus, une magnifique initiative a permis d’offrir des jaquettes colorées et imagées aux enfants hospitalisés en pédiatrie à l’Hôpital régional de Rimouski, apportant un peu de réconfort et de douceur à leur séjour.
Je tiens sincèrement à remercier toutes celles et tous ceux qui ont pris le temps de commander le livre, que ce soit pour enrichir votre réflexion sur la prise de décision en Bourse, pour l’offrir à un proche, ou simplement pour appuyer cette belle cause. Votre geste compte — et il fait une réelle différence.
Encore une fois, un immense merci pour votre générosité, votre confiance et votre engagement. C’est ensemble que nous avons fait de ce projet un succès complet !

Désaccords constructifs : l’art de garder la conversation ouverte
Il y a des phrases qui, même sans être criées, coupent court à la discussion. « Je ne suis pas d’accord » en fait partie. Sur le fond, elle est parfaitement légitime. Mais sur la forme, elle agit souvent comme un couvercle. Plutôt que de faire avancer la discussion, elle la fige. L’effet est presque automatique : l’autre se referme, se sent jugé ou se met sur la défensive. Et ce qui aurait pu être un échange d’idées devient un duel de positions.
Mais est-ce vraiment nécessaire ?
Et s’il était possible d’exprimer une divergence sans rompre le dialogue?
C’est précisément ce que propose Jefferson Fisher dans son remarquable ouvrage The Next Conversation. Il y partage des outils concrets pour désamorcer les tensions et bâtir des ponts, même quand les avis diffèrent. Parmi ceux-ci, trois formulations se distinguent par leur capacité à préserver l’élan d’une conversation tout en affirmant une perspective propre. Des phrases qui ouvrent l’espace, au lieu de le restreindre.
1. « Je vois les choses différemment. »
Plutôt que de rejeter l’opinion de l’autre, cette phrase l’accueille tout en proposant un autre regard. Elle repose sur une idée simple, mais puissante : notre vision du monde est toujours partielle, influencée par notre vécu, nos valeurs, notre contexte. En nommant une perception, on évite de trancher dans le vif. On invite plutôt à explorer ce qui se cache derrière les points de vue. On crée un espace où chacun peut exprimer ce qu’il voit, sans chercher à imposer ce qu’il croit.
2. « J’adopterais une autre approche. »
Ici, la divergence n’est pas un obstacle — c’est une variation. On ne remet pas en cause la destination, mais on propose un itinéraire différent. Cette formulation renforce l’idée que, malgré nos différences, nous poursuivons le même objectif. Elle transforme le désaccord en complémentarité. Et en contexte de collaboration, cette posture est précieuse : elle garde le dialogue centré sur le problème à résoudre, et non sur les ego.
3. « J’ai tendance à pencher pour l’option inverse. »
Cette phrase est tout en nuance. Elle ne contredit pas. Elle n’attaque pas. Elle révèle une préférence personnelle, une tendance, une sensibilité. Elle reflète une posture ancrée dans l’expérience plutôt qu’une volonté d’avoir raison. Elle est idéale lorsque les discussions touchent à des enjeux plus subjectifs — valeurs, styles, intuitions — car elle laisse toute la place à l’autre pour exprimer son point de vue sans crainte d’être contredit.
Ces trois formulations ont un effet en commun : elles maintiennent l’oxygène dans la pièce. Elles rappellent qu’un désaccord bien formulé ne coupe pas la conversation — il la prolonge.
Elles nous éloignent des verdicts pour nous rapprocher des points de vue.
Elles transforment le conflit en curiosité.
Parce qu’au fond, mieux exprimer un désaccord, c’est avant tout mieux se comprendre.
Source :
Jefferson Fisher. The Next Conversation: How to Communicate with Confidence, Purpose, and Authenticity, Tarcher, 2025.
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Quand partir, c’est avancer
On nous a tous déjà servi ces phrases : « N’abandonne jamais. », « Une perte sur papier n’est qu’une perte théorique. », « Va au bout de tes rêves, peu importe le prix. » Ces slogans, martelés comme des vérités sacrées, ont été érigés en boussole universelle du succès. Mais que se passe-t-il quand ils nous égarent ? Quand ils nous enfoncent plutôt que de nous élever ?
Persévérer n’est pas toujours synonyme de sagesse. Continuer, coûte que coûte, n’est pas toujours un signe de force. Parfois, le vrai courage consiste à s’arrêter. À admettre que ce chemin-là, malgré tous les efforts investis, ne mène plus nulle part. Que ce projet, ce rêve, cette version de soi qu’on défend depuis si longtemps, ne nous ressemble plus vraiment.
Le piège, c’est ce qu’on appelle le biais des coûts irrécupérables. Plus on a mis de soi dans une aventure, plus on se sent obligé de continuer. Comme si renoncer revenait à tout perdre. Pourtant, ce qui a été donné l’a déjà été. On ne récupère ni le temps ni l’énergie investis. La seule vraie question, c’est : qu’as-tu encore à offrir, et à quoi veux-tu le consacrer ?
Il y a une image que j’aime beaucoup : celle du cul-de-sac. On y entre avec l’élan d’un rêve, la foi d’un début. Mais au fil du temps, le souffle s’amenuise. On avance sans progresser. On tourne en rond, persuadé que le virage décisif est juste après le prochain effort. Et c’est ainsi qu’on s’épuise. Pas à cause de la difficulté du projet, mais à cause de l’illusion qu’il finira bien par débloquer.
Il existe pourtant des façons de se protéger de soi-même. La première : se donner un cadre. Un délai clair, fixé à froid. « Je me donne deux ans, puis je réévalue. » Ce n’est pas une date d’abandon, c’est une promesse d’honnêteté. Ce moment-là permet de faire le point, de mesurer les progrès réels plutôt que les espoirs projetés. Il donne le droit de changer d’avis.
L’autre outil, c’est le silence. Ne pas tout dire trop tôt. Garder son projet à l’abri des regards. Car plus on annonce, plus on se lie. Et plus il devient difficile de reculer sans avoir l’impression de décevoir. Pourtant, tu n’as pas à porter le regard des autres sur ton dos. Ce que tu bâtis t’appartient. Ce que tu choisis aussi.
Et si arrêter n’était pas trahir, mais se libérer ? Et si dire non, c’était faire de la place pour un oui plus grand ? L’abandon intelligent, ce n’est pas un recul. C’est un pivot. Un changement de direction volontaire. Un geste qui dit : je ne suis plus la personne qui avait commencé ce projet, et c’est très bien ainsi.
Le succès n’appartient pas toujours à ceux qui s’accrochent. Il sourit souvent à ceux qui savent faire demi-tour au bon moment, pour aller ailleurs. Mieux. Plus loin. En paix.
Parce qu’abandonner, parfois, c’est s’offrir une seconde chance. Et il n’y a rien de plus puissant que ça.
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