Samedi dernier, dans le cadre de la Simulation boursière du Collège André-Grasset, j’ai eu l’occasion de faire une présentation avec Laurie-Claude Dalcourt de Desjardins Courtage en ligne. Notre objectif était de sensibiliser les participants à l’importance de la gestion des émotions et d’expliquer pourquoi une bonne décision en trading dépend d’abord de la qualité du jugement. À la fin de notre intervention, un jeune m’a posé une question aussi simple que brillante : « Comment puis-je développer ma prise de décision à la Bourse ? » Je lui ai répondu que l’un des meilleurs entraînements était le poker.
À la Bourse comme au poker, nous évoluons dans un environnement d’information imparfaite qui nous oblige à penser en probabilités. Au poker, on reçoit deux cartes de départ et, dans la majorité des cas, cette combinaison n’est pas intéressante. La meilleure décision est souvent de se coucher. En Bourse, la même logique s’applique : sur l’ensemble des titres disponibles, seule une minorité répond vraiment à nos critères d’investissement. Le secret est simple : dire non beaucoup plus souvent que oui. La discipline commence par le filtrage, avant même de risquer le moindre dollar.
Le parallèle se renforce au moment où l’on est engagé. Au poker, le comportement des autres joueurs devient une information aussi importante que les cartes elles-mêmes. Une mise agressive peut transformer complètement la dynamique de la main. En Bourse, l’évolution d’un secteur, des chiffres mis à jour ou un changement de sentiment peuvent soudainement modifier la perception d’un titre que l’on détient déjà. Dans les deux univers, il faut éviter le piège des coûts irrécupérables, ce biais qui pousse à continuer simplement parce qu’on a déjà investi du temps ou de l’argent. La clé consiste à réévaluer calmement la situation, à intégrer les nouvelles données et à décider en fonction des probabilités plutôt que de l’ego.
Vient ensuite un élément essentiel : accepter l’incertitude. On peut prendre la bonne décision et perdre la main. On peut suivre son plan avec rigueur et subir une transaction non profitable. C’est ici qu’entre en jeu le biais de résultat, qui consiste à juger une décision selon son issue plutôt que selon son processus. L’objectif n’est pas d’avoir raison à chaque fois. L’objectif est de bien décider. En trading comme au poker, on est payé pour la qualité de ses décisions, pas pour la dernière main jouée.
C’est pour cette raison que le poker demeure un terrain d’entraînement exceptionnel. Il renforce la clarté d’esprit, développe la discipline et rappelle que, dans un univers d’incertitude comme celui du trading, les probabilités doivent primer sur les émotions.
Et lorsque l’on y réfléchit, ces principes dépassent largement les marchés financiers. Dans la vie aussi, nous devons composer avec l’inconnu, intégrer de nouvelles informations et ajuster nos choix en cours de route. Décider avec calme, recul et intention devient alors une compétence précieuse, que ce soit en Bourse, autour d’une table de poker ou dans les moments importants de la vie.
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