Blogue

Aller à la rencontre de votre « futur moi »

Aller à la rencontre de votre « futur moi »

La semaine dernière, j’ai eu la chance de participer à un événement pour souligner la 20e année d’existence d’ÉducÉpargne, un organisme qui sensibilise les Québécois.es à l’importance de l’épargne, que ce soit pour la retraite ou tout autre projet de vie.

Pour l’occasion, un panel d’exception a discuté du rôle des entreprises et des institutions financières dans l’amélioration de la littératie financière au Québec. La bonne nouvelle est que de nombreuses initiatives ont vu le jour pour favoriser le développement de saines habitudes financières. À cet égard, je vous présente une tactique à la fois amusante, originale et efficace pour stimuler l’épargne, soit de vivre une expérience virtuelle de transformation de soi!

Grâce à une application mobile comme AgingBooth, vous pouvez vous projeter dans le futur en voyant une photo de vous à un âge avancé. Selon Hal Hershfield, psychologue et auteur du livre Your Future Self, cette expérience nous fait prendre conscience de l’importance de préparer adéquatement notre avenir financier. En effet, notre « futur moi » est habituellement un concept flou, puisque nous n’avons aucune idée de la nature de nos besoins, de nos intérêts et de nos activités dans un horizon aussi lointain.

D’ailleurs, une expérience a été menée à ce sujet auprès de quelque 50 000 clients de banques au Mexique. Un courriel leur était envoyé dans lequel on leur demandait s’ils souhaitaient verser un montant d’argent dans leur compte personnel de retraite, en soulevant la pertinence d’épargner pour leurs vieux jours. Toutefois, seule la moitié des clients ont pu aller à la rencontre de leur « futur moi ». Cette expérience a été convaincante : en plus d’avoir un taux d’acceptation plus élevé, les clients ayant vu une photo d’eux-mêmes à un âge avancé ont versé en moyenne un montant plus élevé!

C’est donc sans surprise que certaines institutions financières américaines comme Merrill Edge (Face Retirement) et Prudential (Future You) ont introduit ce type d’initiative axée sur l’utilisation du jeu en situation d’apprentissage. C’est ce que l’on appelle la ludification, mieux connue sous le nom anglais gamification. Assurément, au Québec, nous sommes capables d’en faire autant!

Aujourd’hui, je lance un appel à tous ceux et celles qui ont à cœur l’éducation financière et qui ont ce pouvoir de changer les choses : pourquoi ne pas aider la population québécoise à épargner davantage en testant l’idée d’aller à la rencontre de leur « futur moi »?

Pour terminer, je vous donne un avant-goût de mon apparence à l’âge de 80 ans, gracieuseté de l’application AgingBooth!

 

Source :

Hal Hershfield. Your Future Self. Hachette Book Group, 2023.

Crédit image: Depositphotos

 

Faire preuve de créativité en retrouvant son cœur d’enfant

Faire preuve de créativité en retrouvant son cœur d’enfant

Connaissez-vous le principal frein à la créativité?

D’après George Land, spécialiste en la matière, la réponse est le simple fait de vieillir.

En 1968, il a soumis 1 600 enfants âgés de 4 ou 5 ans à un test de créativité. Le résultat a été spectaculaire : le score moyen était de 98 %, un niveau équivalant à celui d’un génie sur le plan de la créativité!

Malheureusement, cette belle créativité s’effrite au fil des ans.

George Land a d’abord répété la même épreuve auprès de tous ces jeunes lorsqu’ils étaient âgés de 10 ans et 15 ans. Ensuite, à la fin de l’expérience, il a fait passer son test à plus d’un million d’adultes âgés en moyenne de 31 ans. Voici un aperçu des résultats :

Jeunes de 10 ans — 30 %

Jeunes de 15 ans — 12 %

Adultes de 31 ans — 2 %

C’est quand même incroyable de constater une telle détérioration de l’imaginaire entre l’enfance et l’âge adulte, n’est-ce pas?

Mais qu’est-ce qui explique un tel constat?

La neurobiologie.

Le développement du cortex préfrontal, une région responsable de différentes fonctions cognitives comme l’attention, la concentration, la planification et le raisonnement, arrive à maturité à 25 ans. Cela veut dire qu’un enfant a peu d’emprise sur sa façon de penser, une bonne nouvelle pour sa créativité. Cette dernière s’exprime d’ailleurs par l’intermédiaire de la pensée dite divergente.

Ce type de pensée consiste à réfléchir de manière non linéaire en mettant l’accent sur la spontanéité pour générer des solutions originales. Par exemple, si je vous demande de nommer une utilisation possible d’un bol de M&M’s, une réponse atypique serait : une prison pour coquerelles!

Aujourd’hui, il est grand temps de renouer avec votre cœur d’enfant pour stimuler votre créativité en élargissant votre vision des choses à l’aide d’une pensée non conventionnelle et d’une posture de non-jugement. Pour ceux que ça intéresse, j’aimerais vous proposer un petit jeu : dans la section Commentaires, nommez une utilisation possible pour ce débouchoir de toilette.

 

Source :

Steve Kotler. The Art of Impossible. HarperCollins Publishers, 2021.

Crédit image :  Depositphotos

 

Comment faire vivre des montagnes russes émotionnelles

Comment faire vivre des montagnes russes émotionnelles

Un jour, lors d’une promenade, le poète français Jacques Prévert est allé à la rencontre d’un aveugle qui mendiait, ayant devant lui un écriteau sur lequel on pouvait lire ceci : « Aveugle sans pension de retraite. ».

Le poète lui posa alors la question suivante : « Et puis, est-ce que les gens sont généreux? ».

« Pas vraiment », répondit le non-voyant dans le besoin.

C’est alors que M. Prévert lui demanda la permission d’emprunter sa pancarte afin d’écrire un autre message au revers de celle-ci, sans toutefois lui mentionner le contenu. Une demande que l’aveugle accepta d’emblée.

Le lendemain, alors qu’il marchait, M. Prévert tomba de nouveau sur l’itinérant aveugle et lui posa sensiblement la même question que la veille : « Et puis, est-ce que les gens sont devenus plus généreux? »

« Oui, c’est incroyable! Je n’ai jamais amassé autant d’argent de ma vie! », répondit-il avec enthousiasme.

Sur l’affiche, M. Prévert avait écrit ceci : « Le printemps s’en vient, mais je ne le verrai pas ».

Ceci est un bel exemple de storytelling ou l’art de raconter des histoires, une technique d’influence qui tient compte de l’aspect émotionnel, mais dont l’utilisation demeure encore limitée. D’après Jennifer Aaker, psychologue et professeure à l’Université Stanford, nous valorisons principalement la pensée analytique en exposant des faits, des graphiques, des statistiques ainsi que des tableaux lorsque nous sommes appelés à soumettre un produit, un service ou une idée.

À ce propos, Mme Aaker a mené une expérience auprès de ses étudiants. Elle leur a d’abord demandé de présenter un argumentaire de vente (pitch) devant la classe. En moyenne, 10 % d’entre eux ont fait appel au storytelling. Le reste des étudiants ont eu recours au raisonnement logique décrit précédemment. Ensuite, la professeure a questionné les étudiants sur le contenu livré par leurs condisciples. Le constat a été frappant : seulement 5 % des étudiants ont été capables de se rappeler d’au moins une statistique alors que 63 % ont d’entre eux ont été en mesure de se souvenir d’au moins une histoire!

Je vous invite donc à utiliser davantage le storytelling comme technique de persuasion. Pour ceux et celles qui sont peu familiers avec cette approche, Jonah Berger, l’auteur du livre Magic Words, propose ce conseil à la fois simple et efficace : faire vivre des montagnes russes émotionnelles. C’est à la suite d’une minutieuse analyse de nombreux films à succès comme Forest Gump, la Guerre des étoiles ou la saga Harry Potter qu’il est arrivé à cette conclusion.

Cela veut dire que votre histoire doit être riche en rebondissements et que vos personnages doivent vivre une succession de hauts et de bas afin de garder votre interlocuteur ou auditoire en haleine jusqu’à la fin. C’est un peu comme mon histoire du quêteux aveugle qui, du jour au lendemain, a amassé un petit pactole!

Sources :

Janine Kurnoff et Lee Lazarus. Everyday Business Storytelling. Wiley, 2021.

Jonah Berger. Magic Words. Harper Business, 2023.

Maria Konnikova. The Confidence Game. Penguin Books, 2017.

Crédit image :   Depositphotos

L’importance de retenir les prénoms

L’importance de retenir les prénoms

Dans le cadre d’une étude, les chercheuses Gillian Cohen et Dorothy Faulkner ont d’abord demandé aux sujets de lire de courts récits biographiques fictifs. Par la suite, elles ont posé des questions en lien avec le contenu présenté, l’objectif étant de déterminer le type d’information que nous avons tendance à mémoriser. Leur principale conclusion était que les participants à l’étude ont eu beaucoup de difficultés à se rappeler le prénom des personnages. En effet, la probabilité était deux fois plus élevée qu’ils se souviennent de leur emploi, leurs passe-temps ou leur ville d’origine que de leur prénom!

Cela s’explique par le fait qu’en général, les prénoms sont arbitraires, en ce sens qu’ils ne fournissent aucune information particulière sur un individu. Ainsi, le cerveau éprouve de la difficulté à établir les connexions neuronales nécessaires pour enregistrer le prénom dans sa mémoire.

Prenons l’exemple de mon prénom. Au Québec, c’était le plus populaire entre 1945 et 1964 et, pour cette raison, il y a de fortes chances que vous connaissiez de nombreuses personnes qui s’appellent Michel. Or, étant donné que tous ces Michel sont des individus uniques, le cerveau a besoin de temps, de répétitions ainsi que de stratégies de mémorisation pour augmenter le taux de rétention. À ce propos, voici quelques exemples de tactiques que vous pourriez utiliser lors d’une prochaine rencontre avec un inconnu :

– Répéter le prénom à haute voix dès le contact initial;

– Demander la signification du prénom lorsqu’il est moins commun;

– Trouver un objet ou un animal qui commence par la même lettre que le prénom;

– Insérer régulièrement le prénom dans la discussion;

– Porter attention au visage, à la voix, à l’apparence physique ou à la tenue vestimentaire dans le but de faire une association avec une personne qui vous est familière comme une célébrité, un collègue de travail ou un ami;

– Ajouter la personne à un réseau social de votre choix.

Pour ma part, j’ai toujours consacré beaucoup d’efforts et d’énergie pour retenir le prénom des gens puisque c’est ma façon de montrer mon intérêt envers les autres. Et sur le plan du développement des affaires, je suis d’avis que c’est une arme redoutable pour créer un effet Wow! Avouez que c’est toujours flatteur lorsqu’une personne rencontrée à une seule occasion se souvient de votre prénom!

 

Sources :

Gillian Cohen et Dorothy Faulkner. Memory for proper names: Age differences in retrieval. British Journal of Developmental Psychology, volume 4, no 2, p. 187-197, 1986.

Sébastien Martinez. Comment retenir le nom des gens que vous rencontrez? La méthode Martinez, 20 mai 2019.

Victoria Woollaston. Why you can never remember people’s names: brain struggles to retain information – especially if we’re not interested in the person. Daily Mail, 15 mai 2015.