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On prédit pour la Joyeuse cause

On prédit pour la Joyeuse cause

En 1906, Francis Galton, un statisticien réputé de l’époque, s’est pointé le nez dans une foire agricole.

On y présentait un concours dont l’objectif était de deviner le poids d’un bœuf exposé sur place. M. Galton a alors testé l’hypothèse selon laquelle une foule composée de quelques individus compétents et d’une masse d’individus médiocres et ignorants allait produire une estimation moyenne très éloignée de la réalité.

Quel a été le résultat?

Eh bien, le poids du bœuf était de 1198 kg, alors que la moyenne des prévisions fournies par les quelque 800 participants s’étant prêtés au jeu était de 1197 kg, ce qui en a surpris plus d’un, particulièrement M. Galton!

De là est né le concept d’intelligence collective ou de sagesse des foules. C’est le principe selon lequel un grand nombre d’amateurs peut mieux répondre à une question qu’un seul expert.

Aujourd’hui, j’ai envie de tester ce postulat en sollicitant votre participation à la première édition du jeu On prédit pour la Joyeuse cause, une initiative philanthropique ayant obtenu une licence de la Régie des alcools, des courses et des jeux (RACJ).

En échange d’une contribution modeste de 20 $, vous avez l’occasion de jouer au devin et de courir la chance de remporter 50% de la cagnotte tout en faisant un don aux Joyeux philanthropes, un fonds de dotation supervisé par la Fondation communautaire de la Gaspésie-les-Iles.

Maintenant, voici la fameuse question :

En vous fiant au prix de clôture au 31 décembre 2022 (3840 points), d’après vous, quel sera le niveau du S&P 500, le principal indice de référence américain, à la fin de la présente année?

Si vous souhaitez tenter votre chance, nous vous invitons à soumettre votre cours cible pour le S&P 500 au 31 décembre 2023 avant le mardi 31 janvier à minuit en cliquant sur le lien ci-dessous.

https://www.jedonneenligne.org/fcgi/CJP/

Au nom des Joyeux philanthropes, je vous remercie de tout cœur de votre participation à cette expérience unique en son genre!

Comme le dit si bien l’adage, que le meilleur ou… le plus chanceux gagne!

 

Source:

James Surowiecki. The Wisdom of Crowds. Anchor, Reprint Edition, 2015.

Crédit image:  Depositphotos

Comment distinguer le vrai du faux?

Comment distinguer le vrai du faux?

Afin de souligner la publication du dernier billet de l’année, j’aimerais vous raconter une anecdote que j’affectionne tout particulièrement.

Après avoir remporté un prix Nobel en 1918, le physicien Max Planck a entrepris une tournée de conférences en Allemagne. Chaque fois, il présentait le même contenu devant un public d’experts et de passionnés de la mécanique quantique.

Un jour, son chauffeur personnel qui l’accompagnait et assistait à tous ses exposés oraux lui a dit ceci : « Je serais capable de livrer votre discours puisque je l’ai mémorisé. » C’est avec le plus grand plaisir qu’ils ont décidé d’inverser les rôles le temps d’une soirée. Le chauffeur personnel a donc récité sans faute le texte devant un regroupement de physiciens très calés, dont M. Planck qui s’était mêlé à la foule.

À la fin de la présentation, un professeur en physique s’est levé afin de poser une question complexe, à laquelle, naturellement, le chauffeur ne connaissait pas la réponse. Ce dernier lui a alors répliqué ceci : « Eh bien, je suis surpris de recevoir une question aussi élémentaire dans une ville sophistiquée comme Munich. Je vais demander à mon chauffeur ici présent d’y répondre! »

La morale de cette histoire est que n’importe qui peut prétendre être un expert en s’exprimant de façon éloquente, sans nécessairement comprendre les tenants et aboutissants d’un domaine particulier. C’est ce que l’acteur John Cleese appelle un « incompétent articulé ». Pour distinguer le vrai du faux, je vous invite simplement à poser des questions. En effet, la manière dont une personne répond aux questions en dit long sur sa compétence.

Pour terminer, je profite de l’occasion pour vous souhaiter de joyeuses fêtes et vous remercier de tout cœur de votre soutien en 2022! Je serai de retour à la mi-janvier.

 

Source :

Peter Bevelin. All I Want To Know Is Where I’m Going To Die So I’ll Never Go There. PCA Publications, 1ère edition, 2016.

 

Crédit image: Depositphotos

 

 

Souvenir d’une soirée mémorable

Aujourd’hui, je vous partage une belle vidéo en hommage à mon lancement de livre qui a eu lieu il y a trois ans déjà.

Yan Beaupré, alias Rukin, je suis très reconnaissant que tu aies pris le temps de la réaliser, c’est un beau cadeau que tu me fais !

Je profite également de l’occasion pour remercier tous ceux et celles qui m’ont fait confiance dans le projet, tout particulièrement, Desjardins Courtage en ligne et Septembre Éditeur.

De plus, un merci tout spécial à mon amie et réviseure linguistique Magali Cloutier, à mes parents, à mes amis, sans oublier Nadine, ma complice de tous les jours, pour votre support durant le processus d’écriture.

Pour terminer, je ne peux passer sous silence votre magnifique accueil pour ce livre dont le tirage a été de quelque 7000 exemplaires!

Merci pour votre confiance et, qui sait, peut-être que j’écrirai un jour un 2e livre ?

 

 

 

La performance à court terme : ne tombez pas dans le panneau !

La performance à court terme : ne tombez pas dans le panneau !

En 2010, dans le cadre de la Coupe du monde de soccer, une légende est née. Après avoir correctement prédit le résultat de sept parties impliquant l’Allemagne, cet oracle a annoncé la victoire de l’Espagne contre les Pays-Bas lors de la grande finale. C’est quand même incroyable, puisque sa probabilité d’obtenir huit pronostics justes consécutifs n’était que de 0,39 %.

Ce n’est donc pas un hasard si un entrepreneur russe a proposé 300 000 euros pour obtenir ses services, une offre que son propriétaire a refusée… Eh oui, ce « devin » était une pieuvre du nom de Paul! Pour déterminer le futur vainqueur d’un affrontement, le poulpe devait choisir entre deux boîtes transparentes étiquetées du drapeau des équipes concernées avant de s’emparer de la nourriture placée dans l’une d’entre elles.

En connaissant le processus décisionnel utilisé, seriez-vous prêt à suivre religieusement les recommandations d’un tel système?

Je suis convaincu que la plupart d’entre vous répondraient par la négative. Or, pour ceux qui seraient séduits par l’idée, laissez-moi vous présenter deux arguments qui vont à l’encontre d’une telle approche tout en faisant des parallèles avec l’investissement boursier.

 

1-La loi des grands nombres

La séquence heureuse de Paul la pieuvre peut s’expliquer par la loi des grands nombres. Considérant le nombre élevé d’occurrences d’un événement à travers le temps, il est normal qu’un résultat précis se produise malgré sa faible probabilité de réalisation. Lors de chaque événement sportif d’envergure, de nombreux animaux dotés de soi-disant pouvoirs surnaturels comme Achille le chat, Nelly l’éléphant ou Bob le paresseux tentent de prédire l’issue des parties. Par conséquent, le nombre de prédictions effectuées par des oracles animaux (l’occurrence) croît continuellement, augmentant ainsi la probabilité d’obtenir une séquence parfaite (le résultat précis), comme celle enregistrée par le célèbre poulpe.

Si l’on applique le même raisonnement à la Bourse, nous sommes certains de constater d’exceptionnelles performances à court terme pour la simple et bonne raison qu’il existe des millions de participants de marché. Il est ainsi statistiquement possible qu’une personne enregistre un nombre élevé de transactions gagnantes consécutives, même en l’absence d’un processus décisionnel rigoureux.

 

2-Le biais du survivant

Cette erreur de jugement nous amène à surévaluer la qualité d’une approche, d’une façon de penser ou d’un système en concentrant notre attention uniquement sur les histoires à succès, écartant ainsi les situations qui ont moins bien fonctionné. Du coup, notre analyse ne tient compte que d’un échantillon restreint de données susceptibles de fausser notre jugement.

Les médias, avides de sensationnalisme, accentuent ce phénomène. À l’évidence, par manque d’intérêt public, ces derniers ne feront jamais mention de tous les animaux de la planète qui tentent en vain de trouver la prochaine équipe gagnante ou, en Bourse, de l’ensemble des participants de marché dont la performance n’est pas au rendez-vous…

Il est donc primordial de mettre en place un processus décisionnel basé sur une recherche rigoureuse, sans quoi vous risquez de tomber dans le même panneau que l’entrepreneur russe. En effet, il est dangereux de se fier aux opinions ou aux idées d’investissement de ceux et celles qui se targuent de connaître du succès boursier à court terme sans connaître la logique derrière leur raisonnement (la loi des grands nombres) et n’ayant en main qu’un aperçu de leur performance globale (le biais du survivant).

*Veuillez prendre note que cet extrait est tiré d’un texte envoyé aux clients de Desjardins Courtage en ligne en 2020.

 

Sources :

Agence France-Presse. Paul le poulpe est mort. La Presse, 26 octobre 2010.

Christian Letendre. Neuf animaux qui font des prédictions sportives. Balle Courbe, 18 juin 2020.

David J. Hand. The Improbability Principle: Why Coincidences, Miracles, and Rare Events Happen Every Day (Reprint Edition). Scientific American / Farrar, Straus and Giroux, 2015.

Olivier Sibony. You’re About to Make a Terrible Mistake. Little Brown Spark, 2020.

 

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