En 1957, le chercheur Curt Richter a mené une expérience troublante pour mesurer l’effet du désespoir et, par contraste, de l’espoir sur l’endurance. C’est ainsi qu’il a placé des rats dans un contenant rempli d’eau. Privés d’issue, les rats cessaient de nager au bout d’une quinzaine de minutes, se résignant à leur sort.
Mais quand Richter les retirait pour un court moment juste avant qu’ils ne sombrent, puis les replongeait dans le même bassin, tout changeait. Ces mêmes rats étaient capables de nager, en moyenne, pendant 60 heures. Comment explique-t-on une telle hausse de leur endurance ? Par la survenue d’un événement significatif : la sensation qu’un sauvetage était possible. L’expérience du soulagement avait allumé en eux une étincelle, celle de l’espoir. Et de cet espoir naissait une confiance suffisante pour persévérer.
Cette histoire est plus qu’une anecdote scientifique. Elle révèle une mécanique psychologique fondamentale qui s’applique également à l’humain : il n’y a pas de confiance avant l’action. La confiance résulte de l’action. Elle ne naît ni d’un discours motivant ni d’une pensée magique. Elle prend racine dans l’expérience vécue, même minime, qui nous permet de dire : j’ai commencé, j’ai tenu bon, j’ai franchi un obstacle.
Et cette confiance est toujours spécifique. On peut se sentir invincible en course à pied, mais rempli d’appréhension à l’idée de nager en eau libre. Ce n’est ni irrationnel ni révélateur d’un manque de volonté. C’est simplement que la confiance ne se transfère pas automatiquement d’un domaine à l’autre. Elle se construit là où on s’expose, là où l’on accepte de faire face à l’inconnu. Et pour qu’elle prenne forme, il faut s’y engager, un geste à la fois.
Voilà pourquoi les petites victoires sont si précieuses : un entraînement terminé malgré la pluie, une fatigue surmontée, une hésitation affrontée. Ce sont des marqueurs silencieux de votre progression. À force de s’additionner, ils deviennent plus qu’un journal de bord : ils composent la fondation de votre assurance. C’est là, et seulement là, que la confiance devient réelle, durable et disponible.
Pour tous ceux et celles qui se lancent un défi sportif cet été — que ce soit le Grand défi Pierre Lavoie, le 24h du Lac, un marathon ou un triathlon — rappelez-vous que ce n’est pas la performance finale qui vous transformera, mais le chemin parcouru pour vous y rendre. Ce sont les efforts répétés, les doutes traversés, les progrès constatés qui feront la différence. En les remarquant, en les soulignant, vous bâtissez bien plus qu’une forme physique : vous sculptez votre regard sur vous-même.
L’expérience de Richter nous enseigne ceci : il suffit parfois d’un moment de réussite pour changer le récit intérieur. Et dans ce nouveau récit, plus confiant, plus éclairé, se trouve une force inattendue. Celle qui vous fera avancer quand tout, en apparence, invite à l’abandon.
Source :
Alex Hormozi. Stop Caring What Others Think of You So Much, YouTube, 15 mai 2025.
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