Blogue

Le passé n’est pas garant de l’avenir
Imaginez le scénario suivant :
Un de vos amis vous invite à l’accompagner pour assister à une partie de hockey au Centre Bell. Malheureusement, vous déclinez son offre parce que vous n’êtes pas en forme.
Maintenant, je vous pose la question suivante :
Dans l’éventualité où vous auriez acheté un billet pour la même partie de hockey, vous seriez-vous déplacé malgré le fait que vous n’étiez pas en forme ?
Avouez qu’il y a de fortes chances que votre réponse soit affirmative pour la simple et unique raison que, contrairement à la première situation, vous avez déboursé de l’argent. La prémisse étant que vous vous faites un devoir d’y aller malgré votre état, sans quoi vous auriez l’impression d’avoir gaspillé votre argent.
Ceci est un bel exemple du concept des coûts irrécupérables. Ces derniers représentent les coûts engagés, qui ne sont ni remboursables ni récupérables. D’un point de vue rationnel, ces coûts ne devraient pas influencer la prise de décision, mais c’est plus facile à dire qu’à faire.
En effet, au cours d’une vie, nous sommes confrontés à de nombreuses décisions déchirantes dont l’issue est souvent déterminée par une analyse des coûts irrécupérables, comme notre investissement en temps, en énergie et en argent. Par exemple, « Je ne peux abandonner ce programme d’études après deux années d’efforts et de travail acharné », « Il m’est impensable de quitter mon partenaire amoureux après toutes ces années passées ensemble » ou « Je vendrai l’action XYZ seulement lorsque j’aurai récupéré ma mise de fond ».
Je crois que nous devrions nous inspirer de cette citation fort à propos de l’homme d’affaires Thomas Gatabazi : « On ne peut rien faire pour changer son passé, mais désormais on peut décider de faire de son futur différent ». Au lieu de retourner dans le passé, je vous invite à créer une certaine distance psychologique par rapport à votre expérience en vous projetant dans le temps. Voici une suggestion de questionnement pour chacun des exemples mentionnés précédemment :
– Est-ce que j’anticipe une belle soirée au Centre Bell ?
– Quel programme d’études me rapprocherait le plus de l’emploi de mes rêves ?
– Comment est-ce que j’envisage les vingt prochaines années passées avec mon partenaire de vie actuel ?
– Si je n’étais pas un actionnaire de XYZ, est-ce que je le deviendrais aujourd’hui en me fondant sur un examen de ses perspectives de rendement ?
En procédant ainsi, vous diminuerez l’emprise des coûts irrécupérables et favorisez une prise de décision éclairée, car, après tout, le passé n’est pas garant de l’avenir!
Crédit image : Depositphotos

L’essentiel est l’emploi de la vie, non sa durée
La vie est courte.
C’est une expression que l’on entend souvent lorsqu’on apprend le départ soudain d’une personne qui nous est chère.
On aurait aimé avoir pris le temps de la saluer une dernière fois, de la remercier pour tous les beaux moments qu’elle nous a fait vivre ou simplement de passer un dernier moment de qualité avec elle.
Jonathan, cela fait exactement 21 ans que tu nous as quittés d’une manière tragique et totalement inattendue. J’aurais tellement aimé avoir une dernière discussion avec toi, question de prendre de tes nouvelles, de connaitre tes projets et de te féliciter pour la naissance de ta fille.
Malheureusement, je n’ai pas pris le temps…
On évoque souvent cette raison devant le fait accompli.
– Je n’ai pas pris le temps de m’occuper de ma santé;
– Je n’ai pas pris le temps de prendre des vacances;
– Je n’ai pas pris le temps de réfléchir à un changement de carrière;
– Je n’ai pas pris le temps de faire le point sur ma vie;
– Je n’ai pas pris le temps de fermer mon cellulaire lors de mon récent échange avec mon ami.
Bien entendu, il n’y a que 24 heures dans une journée et nous devons faire des choix. Idéalement, ces derniers doivent correspondre à nos priorités, sans quoi notre attention sera continuellement portée vers les différentes tentations et demandes du quotidien imposées par notre environnement externe. Pour ma part, il s’agit entre autres de ma propension à consulter fréquemment Facebook, de ma fâcheuse habitude de réagir rapidement aux notifications de mon téléphone intelligent et de prioriser le travail durant le week-end. Comme le rappelle si bien l’autrice Julie Maroh, « Si j’avais su que le temps me manquerait, je ne l’aurai pas gaspillé à ce point-là ».
Aujourd’hui, j’ai envie de revenir à l’essence même du mot priorité, c’est-à-dire à son sens singulier.
Dans son livre Essentialism, l’auteur Greg McKeown raconte la surprenante évolution de l’utilisation du mot priorité au fil du temps. Ce terme a fait son apparition dans la langue anglaise au 15e siècle et il désignait alors l’état d’une chose qui est la première de plusieurs autres ou qui est avant une autre. Ce mot était écrit au singulier, et ce, pendant les cinq siècles suivants. C’est seulement au 20e siècle que nous l’avons pluralisé, ce qui explique la raison pour laquelle nous parlons de l’importance d’établir non pas une, mais plusieurs priorités.
Au lieu d’avoir l’objectif d’accomplir un tas de choses dans le plus court délai possible, je tenterai de respecter davantage la valeur du temps et de me concentrer sur ce qui est vraiment important à mes yeux. C’est ma priorité numéro un.
Jonathan, lors de tes funérailles, je me suis rendu compte que tu avais vécu ta vie en fonction de cette même priorité. En effet, tu incarnais à merveille cette citation du philosophe Sénèque : « L’essentiel est l’emploi de la vie, non sa durée ». En cette journée toute spéciale, je te remercie pour ce rappel si important…
Source :
Greg McKeown. Essentialism: The Disciplined Pursuit of Less. Currency, 2020.
Crédit image : Depositphotos

Ça se joue beaucoup entre les deux oreilles…
Lors de la préparation de la 12e étape du Tour de France de 1997, le coureur cycliste français Richard Virenque a demandé à son physiothérapeute Willy Voet de lui administrer une substance dopante dernier cri en vue de rivaliser avec Jan Ulrich, le grand favori de cette épreuve. Bien que Will Voet était réticent à l’idée de recourir à cette drogue de performance, jamais testée ni validée auparavant, il lui a quand même donné la potion tant désirée.
Le résultat a été plus que satisfaisant. Même s’il n’a pas remporté l’épreuve, Richard Virenque a livré une performance bien au-delà des attentes. « Oh mon Dieu que je me sentais bien, ce produit est incroyable ! », confia-t-il à son physiothérapeute après la course.
L’aspect le plus fascinant de cette histoire, tenez-vous bien, c’est que Will Voet lui a en réalité injecté une solution à base de glucose ! C’est ce que l’on appelle un placébo, un traitement sans substance active destinée à donner une illusion d’efficacité. Comme le dit si bien Will Voet dans son livre Breaking the Chain, « Il n’y a aucun substitut à la confiance en soi ».
Je me suis donc inspiré de cette anecdote pour me préparer mentalement pour le demi-marathon de Montréal qui a eu lieu dimanche dernier. Mon objectif était d’établir une nouvelle marque personnelle en battant mon record de 1 heure 54 minutes et 12 secondes (1 :54 :12). Pour ce faire, j’ai créé mon propre placébo pour m’injecter une bonne dose de confiance en me répétant en boucle les phrases suivantes :
– « Je suis un athlète »
– « J’adore courir à haute intensité »
– « Ressentir de la douleur physique, c’est normal »
– « Non, je ne mourrai pas, je peux y aller à fond de train »
– « Je suis fin prêt à réaliser la course de ma vie »
Quel a été le résultat ?
Eh bien, j’ai parcouru la distance en 1 heure 48 minutes et 33 secondes (1 :48 :33) !
Alors, la prochaine fois que vous vous lancerez un défi sportif, je vous invite à consacrer autant d’énergie et d’efforts à votre préparation mentale qu’à votre préparation physique, car, après tout, ça se joue beaucoup entre les deux oreilles…
Sources :
David Robson. The Expectation Effect: How Your Mindset Can Change Your World. Henry Holt and Co, 2022.
Seth Godin. The Practice: Shipping Creative Work. Portfolio, 2020.
Crédit image : Depositphotos

Fêtons la vie!
Aujourd’hui, je célèbre mon 48e anniversaire de naissance.
N’ayez crainte, l’objectif de cette publication n’est pas de quêter des vœux et des souhaits. J’aimerais plutôt vous partager deux trucs pour vous éviter de gaspiller votre temps, car je sais à quel point il est précieux. Comme le dit si bien l’adage, « Chaque jour qui passe nous rapproche de notre mort ». Bien que nous soyons conscients de cette réalité, l’idée de mourir un jour nous trouble et, pour cette raison, nous préférons ignorer et éviter le sujet.
Mais que diriez-vous d’aborder notre mortalité sous un angle optimiste, soit celui d’un catalyseur transformationnel pour susciter un sentiment d’urgence en vue de mieux organiser notre emploi du temps et de donner un sens à notre vie?
Pour les intéressés.ées, je vous invite d’abord à rédiger votre propre éloge funèbre. Ce dernier servira de boussole pour déterminer les activités, les projets, les événements ainsi que les gens qui méritent votre temps. En plus d’agir à titre de « filtre » décisionnel, ce texte vous fera aussi réfléchir à l’héritage que vous souhaitez laisser. En voici un exemple :
« Michel était un grand amoureux de la vie. Il adorait passer du temps de qualité avec sa famille, ses amis.es ainsi que sa conjointe Nadine qu’il aimait tant. On se souviendra longtemps de ses tournées de shooters, de sa joie de vivre ainsi que de son désir d’aider son prochain. D’un point de vue professionnel, il a consacré une bonne partie de sa vie à démocratiser l’investissement boursier au Québec et à sensibiliser les gens à la pertinence de prendre des décisions éclairées dans le quotidien. Passionné de l’enseignement, il valorisait la curiosité et la créativité afin de proposer un contenu à la fois éducatif et rafraîchissant ».
Ensuite, en vue d’harmoniser nos actions à nos aspirations, objectifs, plans et rêves décrits dans notre éloge funèbre, l’auteur à succès Ryan Holiday nous suggère de nous procurer une pièce de monnaie avec la mention Memento Mori. En français, cette locution latine veut dire « Souviens-toi que tu vas mourir ».
Le but est d’avoir en main un objet qui nous rappelle le fait que nous sommes mortels, afin de nous inspirer à concrétiser notre vision des choses et, surtout, de nous faire prendre conscience de l’importance de fêter la vie. En cette journée toute spéciale, c’est le plus beau cadeau que je puisse m’offrir!
Sources :
Donald Miller. Hero on a mission. HarperCollins Leadership, 2022.
Ryan Holiday. ‘’Memento Mori’’: The Reminder We All Desperately Need. Daily Stoic, 2022.
Crédit image : Amazon