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Les coulisses du succès

Les coulisses du succès

Quand les lumières s’éteignent et que la foule retient son souffle, Taylor Swift entre en scène avec une aisance presque irréelle. Pendant plus de trois heures, elle chante, danse, parle à son public, comme si tout cela ne demandait aucun effort. Pourtant, derrière cette fluidité apparente se cache une préparation que le public ne voit jamais. Ce que nous voyons, c’est la magie du moment. Ce que nous ne savons pas, c’est l’endurance derrière chaque note, la discipline derrière chaque mouvement.

Swift a déjà confié qu’elle s’entraîne en chantant l’ensemble de son spectacle sur un tapis roulant. Elle court, elle chante, elle recommence. Elle prépare sa voix à résister à l’effort. Ce genre d’entraînement ne fait pas rêver, il ne s’affiche pas sur Instagram, mais il est indispensable à la qualité de ce que nous percevons.

Ce phénomène dépasse largement la scène. En affaires, on admire celui ou celle qui vend son entreprise, qui obtient une couverture médiatique ou qui reçoit un prix lors d’un gala de reconnaissance — une réussite qui mérite pleinement d’être soulignée. Mais ce que l’on oublie parfois, c’est l’épuisement accumulé, les week-ends sacrifiés, les conflits à gérer, les décisions prises seul dans le doute. Ce qu’on célèbre, ce sont les bénéfices. Ce qu’on oublie, ce sont les coûts.

Et puis, un matin, on voit passer sur son fil d’actualité la photo d’un ami qui vient de compléter un IronMan. Il sourit, médaille au cou, accompagné d’une phrase inspirante. Mais cette image ne raconte pas les mois de préparation, les douleurs musculaires, les ajustements alimentaires, les réveils avant l’aube. Elle ne dit rien des longues heures passées à courir pendant que les autres dormaient.

Dans chaque domaine, il y a cette vérité que l’auteur Mark Manson résume souvent ainsi :

Everything comes with a cost. The question is not ‘Do you want it?’ but rather ‘Are you willing to pay for it?’

Autrement dit, chaque réussite repose sur un compromis, sur une décision consciente d’assumer le coût associé à ce que l’on désire vraiment. Ce que l’on obtient est toujours le reflet, direct ou différé, de ce que l’on a accepté de donner. Le problème, c’est que notre regard se pose surtout sur le gain final, rarement sur le prix payé pour l’atteindre.

Alors, la prochaine fois que vous vous émerveillerez devant une réussite, peut-être devriez-vous vous rappeler que l’essentiel se joue ailleurs. Pas dans l’instant qui brille, mais dans ceux qu’on ne montre pas.

Et la vraie question n’est peut-être pas « Êtes-vous prêt à réussir ? », mais plutôt « Êtes-vous prêt à persévérer dans l’ombre ? »

Crédit image :

Depositphotos

Et si on arrêtait de se blâmer pour notre procrastination ?

Et si on arrêtait de se blâmer pour notre procrastination ?

Il fut un temps où, chaque fois que je remettais une tâche à plus tard, je me jugeais durement. Paresse, manque de volonté, discipline défaillante — je m’infligeais ces étiquettes sans chercher plus loin. Le sentiment de culpabilité prenait toute la place, au détriment de la compréhension.

Ce regard a changé le jour où j’ai découvert deux éclairages qui m’ont permis de mieux comprendre la procrastination et d’en faire une alliée plutôt qu’une ennemie. Ces outils simples m’ont aidé à l’apprivoiser avec moins de culpabilité et davantage de discernement.

1 – Le regard du « futur moi »

L’expert en comportement humain Chase Hughes explique que la procrastination survient souvent lorsque nous faisons ce qui nous tente sur le moment, plutôt que ce qui servirait vraiment notre progression.

Il propose une question éclairante :

« Que dirait mon moi de demain de mon choix d’aujourd’hui ? »

Depuis que je me la pose, je prends des décisions plus alignées sur la personne que je souhaite devenir, et non uniquement sur mon humeur du moment. Cette projection dans le futur suffit souvent à me remettre en mouvement, même pour des tâches simples.

2 – Comprendre plutôt que juger : le modèle tête–cœur–main

La neuroscientifique Anne-Laure Le Cunff invite à voir la procrastination non comme une faute, mais comme un message à décoder. Elle discerne trois sources possibles de blocage :

– La tête (rationnel) : Le blocage survient quand la tâche ne semble plus logique ou justifiée. On la repousse parce qu’on ne comprend plus pourquoi elle est importante. Il m’est arrivé de mettre un projet en pause simplement parce que son objectif ne me paraissait plus pertinent, ou qu’il ne correspondait plus à mes priorités du moment. La tête doute, analyse, s’interroge sur le sens.

– Le cœur (émotionnel) : Le blocage vient d’un manque de motivation ou de connexion émotionnelle. On sait que la tâche a un sens, mais on ne ressent plus l’envie de s’y plonger. Ce n’est pas une question de logique, mais d’élan intérieur. Certaines tâches, pourtant utiles ou simples, me sont apparues lourdes à réaliser, simplement parce qu’elles ne m’inspiraient plus ou qu’elles me laissaient indifférent.

– La main (pratique) : Le blocage vient d’un manque de moyens concrets pour avancer. On sait quoi faire et pourquoi, mais on ne sait pas comment s’y prendre. Parfois, c’est l’ampleur de la tâche, le manque de repères ou la peur de mal faire qui nous paralyse. Je pense à ce document que j’ai repoussé pendant des semaines : ce n’était pas un manque de volonté, mais une hésitation technique. Le jour où j’ai simplement demandé à un ami de le relire, tout a débloqué. Ce petit coup de pouce m’a permis de reprendre confiance et d’avancer.

Depuis que j’ai intégré ce modèle, je prends le temps de cerner l’origine du blocage.

Quand la tête doute, je clarifie l’objectif.
Quand le cœur résiste, je renoue avec le sens.
Quand la main hésite, je demande de l’aide ou je commence petit.

La procrastination n’est plus pour moi un échec à éviter, mais un signal à écouter. Une invitation à mieux respecter mes besoins, à ajuster mon cap et à m’accompagner avec lucidité et bienveillance.

Aujourd’hui, quand je sens une résistance, je m’appuie sur ces deux questions essentielles :

« Que dirait mon moi futur de ce choix ? »
« D’où vient ce blocage : la tête, le cœur ou la main ? »

Et vous, si vous écoutiez ce que votre procrastination essaie de vous dire, que découvririez-vous ?

Sources :

The Art of Charm. Your Brain Needs More Space, Not More Hacks | Dr. Anne-Laure Le Cunff, YouTube, juillet 2025.

Doug Bopst. #1 Behavior Expert: « Why You’re Always Bored & Unhappy » | Chase Hughes, YouTube, juin 2025.

L’art de survivre aux flèches empoisonnées

L’art de survivre aux flèches empoisonnées

Une vieille parabole bouddhiste raconte qu’un homme, atteint par une flèche empoisonnée, refuse qu’on la lui retire avant de savoir qui l’a tirée, pourquoi, et avec quel arc. Pendant qu’il cherche des réponses, le poison se propage. Et il meurt.

Je pense souvent à cette image quand je te regarde, Nadine.

Tu as reçu plus d’une flèche : un cancer, la perte d’un enfant, une commotion cérébrale, le décès rapproché de tes deux parents. Autant d’épreuves qui auraient pu te figer.

Mais tu as choisi d’avancer.

Tu n’as pas cherché à tout comprendre. Tu as agi. Tu t’es relevée. Et tu l’as fait avec calme, courage et lucidité. Sans bruit. Sans détour.

Tu n’as jamais laissé ces épreuves t’étiqueter. Les mots qu’on aurait pu t’infliger — malade, endeuillée, fragilisée — n’ont jamais eu d’emprise sur toi. Tu as traversé ces épreuves et tu t’es bâtie à partir d’elles.

Ce que j’admire avant tout, c’est ta force discrète. Celle qui soutient sans se montrer. Qui reste droite quand personne ne regarde. Qui continue à aimer et à offrir malgré tout.

Les stoïciens disent qu’on ne contrôle pas ce qui nous arrive, mais qu’on peut toujours choisir notre façon d’y répondre. Et toi, tu l’as fait. Encore et encore. Avec intégrité.

Aujourd’hui, tu as 50 ans. Et ce que je célèbre, ce n’est pas un chiffre : c’est ton chemin, ton équilibre, ta douceur préservée malgré les tempêtes. Ta présence pleine, sans jamais te poser en victime.

Tu es la preuve qu’on peut surmonter sans se refermer. Perdre sans se perdre. Et continuer à vivre pleinement.

Source :

Sahil Bloom. How to Stop Overthinking: The Poison Arrow. Curiosity Chronicle, 18 juillet 2025.

Ces moments tant redoutés

Ces moments tant redoutés

Un message, un appel, une annonce soudaine : quelqu’un de notre entourage vient de perdre un être cher. Immédiatement, un mélange d’inconfort, de pudeur et d’impuissance nous traverse. On veut offrir notre soutien, mais sans être envahissant. On cherche les bons mots, tout en craignant de dire quelque chose de maladroit ou de déplacé. Par peur de déranger, on se replie parfois dans le silence, même si, au fond, on voudrait simplement être là.

L’expert en communication Jefferson Fisher propose trois stratégies simples et profondément respectueuses pour accompagner quelqu’un dans cette période de grande vulnérabilité, sans imposer, sans minimiser, mais en demeurant véritablement présent.

1. Poser des gestes concrets, sans attendre de demande

La phrase « N’hésite pas si tu as besoin de quelque chose » part d’une bonne intention, mais cette formule transfère la responsabilité à la personne endeuillée. Or, dans ces moments de bouleversement, elle n’a souvent ni l’énergie ni la clarté d’esprit de formuler un besoin ou de faire appel à autrui.

Une approche plus aidante consiste à agir directement. Offrir un repas ou venir le déposer sans formalité. Proposer de s’occuper des enfants ou des animaux pendant quelques heures. Accompagner dans une démarche ou prendre en charge une course. Même un simple message comme « Je passerai te déposer quelque chose demain, tu n’as rien à préparer » peut alléger un fardeau logistique et témoigner d’une réelle présence.

Ces gestes, aussi simples soient-ils, sont perçus comme un véritable soulagement, car ils enlèvent une charge mentale dans un moment où tout semble plus lourd.

2. Respecter l’espace de l’autre sans forcer les confidences

Après une perte, plusieurs personnes se retrouvent submergées par les questions bien intentionnées, mais répétitives : « Que s’est-il passé? », « Veux-tu en parler? ». Même si ces mots naissent d’un désir sincère d’écoute, ils peuvent raviver la douleur, forcer à répéter un récit difficile, voire créer une pression à se confier alors que l’élan n’est pas là.

Une meilleure manière d’exprimer sa présence consiste à envoyer un message qui respecte pleinement le rythme et l’espace de l’autre. Par exemple : « Je pense fort à toi, tu n’as aucune obligation de me répondre », ou encore « Je suis là si tu ressens le besoin de parler, mais ne te sens surtout pas obligé(e) ». Ce type de message apaise. Il n’impose rien, mais rappelle doucement que l’on est disponible, au moment qui conviendra.

3. Valider la douleur, sans chercher à l’atténuer trop tôt

Face à la peine de l’autre, on est parfois tenté de chercher les bons côtés de la situation : « Maintenant il est en paix », « Au moins, cela s’est passé vite », ou encore « Il y a une raison à tout ». Ces tentatives de réconfort, bien qu’animées de bonnes intentions, peuvent être perçues comme une minimisation de la douleur. Elles donnent parfois l’impression qu’il faut vite aller mieux, ou que la tristesse n’est pas pleinement légitime.

Ce dont la personne endeuillée a besoin, c’est d’abord qu’on reconnaisse l’ampleur de ce qu’elle vit. Dire « C’est tellement injuste, personne ne devrait avoir à traverser ça », ou encore « Je n’ai pas de mots, mais je suis là » suffit amplement. En validant ce qui est ressenti, on offre un espace où la peine peut s’exprimer librement, sans pression ni jugement.

Et si ces attentions sont précieuses dans les jours qui suivent la perte, elles le sont tout autant au fil du temps. Lorsque les élans initiaux s’estompent et que le deuil devient plus silencieux, un message quelques semaines plus tard, une invitation à marcher ou une pensée lors d’une date significative peuvent rappeler à la personne endeuillée qu’elle n’est pas seule et que sa souffrance n’a pas été oubliée.

Être là, sans condition ni échéance, c’est sans doute le geste le plus humain et le plus nécessaire que l’on puisse poser pour quelqu’un qui traverse un deuil.
Des gestes concrets, une discrétion respectueuse, et la validation sincère de la douleur : trois façons simples d’offrir un vrai soutien.

Source :

Jefferson Fisher. What to Say to Someone Who’s Grieving. The Jefferson Podcast, YouTube, 29 juillet 2025.

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