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Ces moments tant redoutés

Ces moments tant redoutés

Un message, un appel, une annonce soudaine : quelqu’un de notre entourage vient de perdre un être cher. Immédiatement, un mélange d’inconfort, de pudeur et d’impuissance nous traverse. On veut offrir notre soutien, mais sans être envahissant. On cherche les bons mots, tout en craignant de dire quelque chose de maladroit ou de déplacé. Par peur de déranger, on se replie parfois dans le silence, même si, au fond, on voudrait simplement être là.

L’expert en communication Jefferson Fisher propose trois stratégies simples et profondément respectueuses pour accompagner quelqu’un dans cette période de grande vulnérabilité, sans imposer, sans minimiser, mais en demeurant véritablement présent.

1. Poser des gestes concrets, sans attendre de demande

La phrase « N’hésite pas si tu as besoin de quelque chose » part d’une bonne intention, mais cette formule transfère la responsabilité à la personne endeuillée. Or, dans ces moments de bouleversement, elle n’a souvent ni l’énergie ni la clarté d’esprit de formuler un besoin ou de faire appel à autrui.

Une approche plus aidante consiste à agir directement. Offrir un repas ou venir le déposer sans formalité. Proposer de s’occuper des enfants ou des animaux pendant quelques heures. Accompagner dans une démarche ou prendre en charge une course. Même un simple message comme « Je passerai te déposer quelque chose demain, tu n’as rien à préparer » peut alléger un fardeau logistique et témoigner d’une réelle présence.

Ces gestes, aussi simples soient-ils, sont perçus comme un véritable soulagement, car ils enlèvent une charge mentale dans un moment où tout semble plus lourd.

2. Respecter l’espace de l’autre sans forcer les confidences

Après une perte, plusieurs personnes se retrouvent submergées par les questions bien intentionnées, mais répétitives : « Que s’est-il passé? », « Veux-tu en parler? ». Même si ces mots naissent d’un désir sincère d’écoute, ils peuvent raviver la douleur, forcer à répéter un récit difficile, voire créer une pression à se confier alors que l’élan n’est pas là.

Une meilleure manière d’exprimer sa présence consiste à envoyer un message qui respecte pleinement le rythme et l’espace de l’autre. Par exemple : « Je pense fort à toi, tu n’as aucune obligation de me répondre », ou encore « Je suis là si tu ressens le besoin de parler, mais ne te sens surtout pas obligé(e) ». Ce type de message apaise. Il n’impose rien, mais rappelle doucement que l’on est disponible, au moment qui conviendra.

3. Valider la douleur, sans chercher à l’atténuer trop tôt

Face à la peine de l’autre, on est parfois tenté de chercher les bons côtés de la situation : « Maintenant il est en paix », « Au moins, cela s’est passé vite », ou encore « Il y a une raison à tout ». Ces tentatives de réconfort, bien qu’animées de bonnes intentions, peuvent être perçues comme une minimisation de la douleur. Elles donnent parfois l’impression qu’il faut vite aller mieux, ou que la tristesse n’est pas pleinement légitime.

Ce dont la personne endeuillée a besoin, c’est d’abord qu’on reconnaisse l’ampleur de ce qu’elle vit. Dire « C’est tellement injuste, personne ne devrait avoir à traverser ça », ou encore « Je n’ai pas de mots, mais je suis là » suffit amplement. En validant ce qui est ressenti, on offre un espace où la peine peut s’exprimer librement, sans pression ni jugement.

Et si ces attentions sont précieuses dans les jours qui suivent la perte, elles le sont tout autant au fil du temps. Lorsque les élans initiaux s’estompent et que le deuil devient plus silencieux, un message quelques semaines plus tard, une invitation à marcher ou une pensée lors d’une date significative peuvent rappeler à la personne endeuillée qu’elle n’est pas seule et que sa souffrance n’a pas été oubliée.

Être là, sans condition ni échéance, c’est sans doute le geste le plus humain et le plus nécessaire que l’on puisse poser pour quelqu’un qui traverse un deuil.
Des gestes concrets, une discrétion respectueuse, et la validation sincère de la douleur : trois façons simples d’offrir un vrai soutien.

Source :

Jefferson Fisher. What to Say to Someone Who’s Grieving. The Jefferson Podcast, YouTube, 29 juillet 2025.

Crédit image : Depositphotos

Et si on prenait le temps de se parler ?

Et si on prenait le temps de se parler ?

On l’a tous vécu : une suite de courriels, de textos ou de messages qui s’allonge, où chacun tente de s’expliquer, mais où rien ne se règle vraiment. Jusqu’au moment où quelqu’un décroche le téléphone ou propose une rencontre virtuelle. Et là, en quelques minutes, tout s’éclaire. Dans un monde saturé de communications écrites — courriels, textos, messageries instantanées — choisir de se parler reste parfois le geste le plus simple et le plus puissant.

Pour savoir quand passer de l’écrit à l’oral, la formation Réinventez vos courriels de Spiralis offre une boussole simple et guidée par deux questions : quelle est la charge émotionnelle du sujet, et quel est le degré de confiance entre les personnes ?

Quand l’émotion est faible et la confiance élevée (zone rapide), l’écrit fait parfaitement l’affaire : « Réunion déplacée à 15 h » envoyé par texto à un collègue. Si l’enjeu augmente ou que la relation est moins proche (zone normale), on reste à l’écrit, mais avec clarté : « Attention, j’ai ajusté les chiffres du récent trimestre selon les nouvelles données. » adressé à un partenaire. Quand l’émotion monte et que la confiance est plus fragile (zone authentique), l’écrit doit respirer l’écoute : « Merci de nous avoir écrit. Je comprends vos questions et souhaite clarifier la situation. Voici les détails. Je reste disponible pour échanger. » Et quand l’émotion est forte et la relation encore précaire (zone parlons-nous), l’écrit ne suffit plus. Face à un désaccord naissant, il faut oser être direct : « Je crois qu’il serait préférable que nous en discutions de vive voix. Quand seriez-vous disponible ? »

On l’oublie trop souvent, mais un simple appel peut parfois réduire par dix le temps nécessaire pour résoudre un problème. Apaiser un client, lever un malentendu, accélérer une prise de décision : ça commence souvent par une voix qui dit « parlons-nous ».

Prendre le temps de se parler, c’est choisir la clarté, nourrir la confiance, réaffirmer l’humain. Dans un monde qui va vite, c’est peut-être ça, le vrai raccourci. Aujourd’hui, à qui pourriez-vous dire : et si on prenait le temps de se parler ?

Source :

Spiralis. Réinventez vos courriels. 15 mai 2025.

Crédit image :

Sébastien Bolduc, qui s’est inspiré de l’image créée par Spiralis.

Dix ans plus tard : ce qui compte vraiment

Dix ans plus tard : ce qui compte vraiment

Il y a dix ans, je me lançais comme formateur boursier avec des objectifs clairs : bâtir ma réputation, établir ma crédibilité, attirer des clients, décrocher des contrats. Bref, cultiver ce que David Brooks appelle les vertus du CV : ces succès qu’on accumule pour prouver sa valeur.

Je ne renie rien de ce parcours. Ces années ont façonné qui je suis. Elles m’ont appris à mieux transmettre, à mieux écouter, à mieux comprendre les besoins des investisseurs. Elles m’ont offert des occasions précieuses et permis de croiser des personnes formidables.

Mais avec le temps, mon regard a changé.

Aujourd’hui, je me concentre davantage sur les vertus de l’éloge funèbre. Celles qu’aucun CV ne liste, qu’aucun tableau de bord ne mesure, mais qui laissent une empreinte durable : la générosité, l’humilité, la capacité à élever les autres.

Et plus encore, j’ai compris que nous surestimons ce que nous maîtrisons seuls et sous-estimons ce que nous devons aux autres — et au hasard. Reconnaître cette part d’imprévu, ce n’est pas renier son mérite, c’est élargir sa gratitude.

Oui, j’ai travaillé fort. Mais j’ai aussi des parents, un frère (Martin), une sœur (Julie), une conjointe (Nadine), des amis qui croient en moi, me soutiennent, m’encouragent, et parfois me relèvent. Des professeurs, des collègues, des figures d’autorité, ainsi que Formax, mon agent de conférences, Magali, qui m’accompagne en révision linguistique, et Martin, qui m’appuie sur le plan technologique, m’ont guidé. J’ai également eu accès à des infrastructures, des outils, des réseaux, de belles occasions d’avancement. Et des partenaires comme Groupe Ouellet Bolduc, Desjardins Courtage en ligne, Gestionnaires d’actifs Bridgehouse, Groupe DeBlois et D*Trading m’ont offert confiance et rayonnement.

Ces dix années m’ont appris que l’entrepreneuriat n’est pas une conquête solitaire, mais une aventure d’interdépendance assumée, où l’on chemine porté autant par ses efforts que par les mains tendues.

Dix ans plus tard, je sais que ce qui compte vraiment, ce ne sont pas les lignes d’un CV, mais les fils invisibles qui nous relient aux autres, les gestes transmis, les élans partagés.

Merci à celles et ceux qui m’ont accompagné jusqu’ici, et merci à vous qui prenez le temps de me lire, d’assister à mes conférences, de découvrir mes livres. Votre présence donne un sens que les chiffres n’auront jamais.

Et vous, quand vous regardez en arrière, savez-vous reconnaître non seulement ce que vous avez accompli, mais tout ce qui vous a porté ?

Source :

David Brooks. The Road to Character. Random House Trade Paperbacks, 2016.

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Un compliment : ça se reçoit, ça se donne, ça se vit

Un compliment : ça se reçoit, ça se donne, ça se vit

Un compliment n’est pas un simple mot en l’air. C’est un petit cadeau sans papier d’emballage, mais dont la portée est immense. Bien au-delà des formules de politesse, un compliment sincère nourrit la confiance, renforce les liens et encourage les comportements positifs. Mais pour toucher juste, il doit venir d’un endroit simple : l’authenticité. Sans elle, il sonne creux. Avec elle, il devient une pièce d’or relationnelle.

Pourtant, recevoir un compliment n’est pas toujours facile. Beaucoup d’entre nous détournent l’attention, par gêne ou par modestie. On répond : « Ce n’était pas grand-chose », « C’était facile », « C’est grâce à l’équipe ». Imaginez que quelqu’un vous offre un bouquet de fleurs et que vous le repoussiez en disant : « Tu n’aurais pas dû, je ne le mérite pas. » Non seulement vous refusez le cadeau, mais vous privez aussi l’autre de la joie de l’offrir. En réalité, il suffit de dire : « Merci, ça me fait plaisir », avec un sourire sincère, une main sur la poitrine. Un petit geste, mais un grand message.

Donner un compliment demande aussi un peu d’art. Un « bon travail » général est vite oublié. Un compliment précis reste. La communication non violente (CNV) peut nous aider à le formuler. Elle invite à dire ce que l’on a observé, ce que cela a éveillé en nous, et quel besoin cela a nourri. Par exemple : « Quand tu as pris le temps d’expliquer ce point, j’ai ressenti un vrai soulagement. J’avais besoin de clarté. » On ne félicite pas seulement le geste, on partage l’effet qu’il a eu sur nous.

Je pense à un ami qui, après avoir aidé à organiser un événement local, a entendu d’un participant : « Ton calme et ta bonne humeur ont vraiment apaisé tout le monde. » Des mois plus tard, il m’a confié combien ces mots l’avaient touché. Non pas pour se vanter, mais parce qu’il avait pris conscience de qualités qu’il n’avait jamais remarquées chez lui. Parfois, un simple élan positif révèle à quelqu’un des forces insoupçonnées.

Un compliment peut aussi ouvrir la porte à la discussion. Après avoir souligné un point positif, pourquoi ne pas demander : « Comment fais-tu pour avoir autant de patience ? » ou « D’où te vient cette créativité ? » Cela prolonge l’échange, transforme le compliment en conversation, et crée une vraie rencontre.

Enfin, il y a le compliment en l’absence. Dire du bien de quelqu’un à d’autres, c’est semer de petites graines de reconnaissance. Elles finiront souvent par lui revenir. Et quand elles le font, elles donnent envie de continuer à incarner cette qualité. L’important est de rester sincère, sans flatterie ni calcul. Nous grandissons tous mieux quand nous nous sentons vus pour ce que nous sommes.

Au fond, l’authenticité est le fil conducteur. Un compliment sincère, c’est une lumière qu’on tend à l’autre. On ne cherche pas à briller soi-même, mais à éclairer ce qui mérite d’être vu. Recevoir un compliment, c’est accueillir cette lumière. Le donner, c’est l’allumer. Alors, la prochaine fois qu’un compliment vous traversera l’esprit, ne le gardez pas. Offrez-le simplement. Et si on vous en fait un, ouvrez les mains et le cœur.

Car un compliment qui reste pensé sans être dit est une occasion manquée de faire du bien.

Sources :

Jefferson Fisher. How to Accept a Compliment. The Jefferson Fisher Podcast, 12 novembre 2024.

Robert Cialdini. New-Influence : The Psychology Of Persuasion (New And Expanded), Harper Business, 2021. 

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