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L’incroyable potentiel de la patience
Connaissez-vous l’histoire du bambou chinois?
C’est une analogie imagée et abondamment utilisée dans le domaine de la croissance personnelle pour mettre en lumière l’importance de garder le cap et de faire confiance à la qualité du processus.
Le Dendrocalamus sinicus est une variété de bambou présente en Chine pouvant atteindre 30 mètres de haut en l’espace de cinq ans.
Piqué par la curiosité, vous décidez de planter des graines et de les arroser régulièrement, excité à l’idée de voir le résultat final.
Quelques semaines plus tard, aucune pousse n’est sortie de la terre. Malgré tout, vous continuez à entretenir les semences puisque vous faites confiance au processus.
Après une année, une deuxième, une troisième, une quatrième, toujours rien ne sort de la terre.
Encore une fois, vous persévérez dans vos efforts et un mois avant la fin de la cinquième année, une pousse se pointe finalement le bout du nez!
Ce qui se passe par la suite est plutôt spectaculaire.
Le bambou se met à pousser à une vitesse de 1 mètre par jour pour atteindre 30 mètres en 1 mois!
La morale de cette histoire est lorsque l’on débute un projet qui nous tient à cœur, il faut résister à la tentation d’abandonner simplement parce que l’on n’obtient pas le résultat escompté à court terme. En plus de faire confiance à notre processus, il faut être prêt à mettre beaucoup d’efforts et, surtout, à ne pas se décourager et à accepter les hauts et les bas inévitables auxquels nous devrons faire face. Ainsi, tôt ou tard, tout comme l’illustre si bien le bambou chinois, notre patience sera récompensée par des résultats bien au-delà de nos attentes!
Source :
Manon Lamothe. Connais-tu l’histoire du bambou chinois géant ? 24 septembre 2020.

Bonne fête à ma princesse!
Au milieu des années 1930, l’entreprise Walt Disney Productions avait réalisé plus de 400 courts-métrages d’animation. Malgré le fait que ces derniers étaient grandement appréciés du grand public, la majorité d’entre eux ont fait perdre beaucoup d’argent à la compagnie. En 1937, le vent a tourné grâce à la sortie de son premier long métrage d’animation, Blanche-Neige et les sept nains. Au cours des six premiers mois de l’année suivante, cette production a amassé quelque huit millions de dollars, une réussite inespérée qui a transformé la destinée de la compagnie : la totalité des dettes a été remboursée, des primes de rétention ont été versées à des employés clés et les dirigeants ont fait l’acquisition d’un studio d’enregistrement dernier cri, lequel est d’ailleurs toujours opérationnel.
La morale de cette histoire est qu’il faut respecter la présence d’événements heureux à faible probabilité de réalisation ayant des répercussions d’une portée considérable. Comme le rappelle si bien le blogueur financier Morgan Housel, un nombre limité d’occurrences est responsable de la majorité des résultats. En 1938, la société Walt Disney Productions avait créé des centaines d’heures de contenu cinématographique, mais au bout du compte, ce sont les 83 minutes de Blanche-Neige et les sept nains qui ont fait une véritable différence!
En 2004, sur le plan personnel, j’ai vécu sensiblement le même type de phénomène.
Après d’innombrables sorties dans les bars, j’avais fait une croix sur le projet d’être en couple. Tout a changé lorsque j’ai fait la connaissance de Nadine. Elle a été en quelque sorte ma « Blanche-Neige », c’est-à-dire un événement heureux dont l’impact a été des plus bénéfiques. Entre autres, elle m’a aidé à me prendre en main pour améliorer ma condition physique, elle m’a soutenu lorsque j’ai perdu mon emploi d’arbitragiste-actions et, aujourd’hui, elle est ma principale alliée dans mon projet de démocratiser l’investissement boursier au Québec.
Nadine, merci de faire une véritable différence dans ma vie et, surtout, je te souhaite une magnifique journée d’anniversaire! En espérant que la magie continuera d’opérer et que tu seras à mes côtés pour les 83 prochaines années…
Source
Morgan Housel. The Psychology of Money. Harriman House LTD, 2020.

Que préféreriez-vous : gagner une médaille d’argent ou de bronze?
Lors des récents Jeux olympiques de Tokyo, le boxeur britannique Benjamin Whittaker a remporté une médaille d’argent dans la catégorie des poids mi-lourds. Évidemment, pour un grand nombre d’athlètes, un tel résultat représente la réalisation du rêve de toute une vie. Ainsi, il est normal de s’attendre à une réaction positive de sa part, par exemple de l’euphorie, de la fierté ou de la gratitude. Toutefois, lors de la cérémonie protocolaire de remise de médailles, Benjamin Whittaker a clairement affiché sa déception en refusant de mettre la médaille d’argent autour de son cou alors qu’il se tenait sur le podium, la tête basse et les yeux dans l’eau. De son point de vue, il n’a pas gagné la médaille d’argent, mais il a plutôt perdu la médaille d’or…
Il y a cinq ans, lors des Jeux olympiques de Rio de Janeiro, la nageuse chinoise Fu Yuanhui a conquis la planète. Après avoir terminé son épreuve, elle n’avait aucune idée qu’elle avait gagné la médaille de bronze. En effet, une journaliste lui a appris la bonne nouvelle quelques instants plus tard lors d’une entrevue télévisée. Sans contredit, Fu Yuanhui a manifesté, d’une manière fort touchante, de la surprise et de la joie. À ce sujet, je vous invite à visionner un extrait vidéo qui débute à partir de la première minute et 30 secondes :
À mon grand étonnement, ce phénomène semble fréquent. En 1995, selon une étude menée par Victoria Medvec et Thomas Gilovich de l’Université Cornell, en collaboration avec Scott Madey de l’Université de Toledo, les médaillés de bronze semblent plus heureux que les médaillés d’argent. En fait, les psychologues ont demandé à des étudiants d’évaluer les réactions émotives de ces deux groupes sur une échelle de un à dix (1 = accablement, 10 = extase) à la fin de la compétition et durant la cérémonie protocolaire de remise de médailles. Dans les deux cas, un plus grand niveau de satisfaction a été observé chez les médaillés de bronze. Fait à noter, l’année dernière, une étude publiée par les chercheurs Hedgcock, Luangrath et Webster a corroboré ce constat.
« Avec des “si”, on mettrait Paris en bouteille » – proverbe populaire
D’après les chercheurs Kai Epstude et Neal J. Roese, l’être humain a tendance à s’imaginer des scénarios différents en lien avec des événements passés. Ce phénomène s’appelle la pensée contrefactuelle. Pour un sportif, cette dernière est généralement ascendante ou descendante. Par exemple, d’une part, un médaillé d’argent comparera la réalité avec une représentation mentale plus favorable (p. ex. : « si seulement j’avais…, j’aurais remporté la médaille d’or »). Il sera alors torturé par le fait qu’il a raté de peu la plus haute marche du podium (la pensée contrefactuelle ascendante). D’autre part, un médaillé de bronze se prêtera aussi à un jeu de comparaison entre les situations actuelle et hypothétique, mais il fera plutôt allusion à une possibilité moins souhaitable (p. ex. : « si je n’avais pas aussi bien fait, j’aurais terminé au quatrième rang »). En pensant ainsi, il est soulagé d’avoir remporté une médaille (la pensée contrefactuelle descendante).
Sans contredit, le concept de pensée contrefactuelle est très présent dans le domaine de l’investissement. Effectivement, nous évaluons régulièrement le rendement d’un placement en fonction de nos attentes et de nos perceptions, et ce, au détriment d’une analyse plus objective. Par conséquent, il est possible qu’un investisseur soit moins satisfait du résultat d’une transaction, bien qu’elle ait été plus profitable qu’une autre. Par exemple, même s’il a réalisé un profit substantiel sur une transaction, il aura des regrets advenant que le titre vendu continue sa poussée haussière (« si je l’avais conservé plus longtemps, j’aurais pu partir en voyage »). Toutefois, ce même investisseur sera heureux d’avoir fermé une autre position avec un bénéfice moindre dans l’éventualité où le titre vendu chute à la suite d’une mauvaise nouvelle (« si je ne l’avais pas vendu, j’aurais perdu énormément d’argent »).
Selon moi, il est essentiel de réfléchir davantage à la qualité de notre processus et de notre exécution lorsque vient le temps d’évaluer notre performance. En procédant ainsi, nous dépendons moins d’un aspect sur lequel nous n’avons aucune emprise (le résultat) et, par le fait même, nous sommes plus heureux à long terme. Voilà une philosophie qui vaut son pesant d’or!
Sources
Kai Epstude, Neal J. Roese. The Functional Theory of Counterfactual Theory. Personality and Social Psychology Review 12 (2), 168-192, 2008.
Michel Laprise. Le médaillé d’argent en boxe refuse de porter la médaille parce qu’il a honte d’avoir perdu l’or. Ballecourbe.ca, 4 août 2021.
Victoria Husted Medvec, Thomas Gilovich et Scott Madey. When Less is More: Counterfactual Thinking and Satisfaction Among Olympic Medalists. Journal of Personality and Social Psychology, 69(4): 603-10, 1995.
William Hedgcock, Andrea Luangrath et Raelyn Webster. Counterfactual thinking and facial expressions among Olympic medalists: A conceptual replication of Medvec, Madey, and Gilovich (1995) findings. Journal of Experimental Psychology, 2020.

Le mythe du multitâche
Selon vous, en moyenne, pendant combien de temps travaillons-nous de manière ininterrompue, c’est-à-dire sans nous faire déranger?
D’après l’auteur à succès David Coplin, la réponse est 11 minutes! Que ce soit un collègue de travail qui entre dans notre bureau, le téléphone qui sonne ou le bruit de la clochette annonçant l’arrivée d’un nouveau courriel, nous devons composer avec de nombreuses sources de distraction qui limitent notre capacité d’attention et de concentration, et donc notre efficacité au travail. Ainsi, l’employé américain moyen perd 2,1 heures par jour de productivité.
De nombreuses personnes trouveront ces statistiques futiles, se croyant capables d’effectuer plusieurs tâches simultanément, ce que l’on appelle le « multitâche ». Assurément, il peut être socialement valorisant de prôner le « multitâche », mais dans les faits, est-ce réellement possible?
« Qui court deux lièvres à la fois n’en prend aucun. »
– Citation de Érasme, écrivain et philosophe
Tout d’abord, une tâche désigne un travail précis et limité, imposé par autrui ou par soi-même, à exécuter dans certaines conditions. Elle nécessite donc un comportement maîtrisé et intentionnel, le sujet ayant un objectif clair en tête. Ainsi, tout acte n’exigeant aucun effort mental (manger, marcher, faire du vélo) et toute activité dite « toile de fond » (écouter de la musique classique en lisant un bouquin) ne peut être considéré comme une tâche. C’est la raison pour laquelle on peut discuter tout en se baladant ou en mangeant, car ce n’est pas réellement du « multitâche ».
Ensuite, selon le Dr John Medina, notre cerveau est un processeur séquentiel qui accorde une attention particulière à chaque tâche. Partant de ce fait, il est impossible d’accomplir conjointement deux tâches, ce qui explique la perte d’efficacité observée auprès des adeptes du soi-disant « multitâche ». Toujours sceptique ? Essayez ce petit test.
Instructions
Chronométrez et notez le temps requis pour effectuer chaque épreuve.
Épreuve 1 – Écrivez en lettres moulées la phrase LE MULTITÂCHE EST UN MYTHE
Épreuve 2 – Écrivez cette séquence de chiffres : 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22
Épreuve 3 – Prévoyez maintenant écrire sur deux lignes en alternance la séquence des épreuves 1 et 2. Ainsi, sur la première ligne, vous allez écrire la lettre L, puis le chiffre 1 sur la deuxième ligne. Ensuite, vous revenez à la ligne du haut pour écrire la lettre E puis inscrivez le chiffre 2 sur la ligne du bas. Vous poursuivez cette logique pour obtenir les deux segments complets.
Par expérience, les gens prennent en moyenne 10 et 16 secondes pour compléter respectivement les épreuves 1 et 2. Ainsi, pour ceux qui croient au « multitâche », le temps nécessaire pour terminer l’épreuve 3 devrait être de 26 secondes, soit la somme des temps enregistrés lors des deux épreuves précédentes. Malheureusement, ce n’est pas le cas; le temps moyen est plutôt de 50 secondes…
Comme vous vous en doutez, la solution est relativement simple, mais pas toujours facile à mettre en pratique. Afin d’améliorer notre productivité au quotidien, nous devons créer un environnement propice au travail de qualité, ce qui nécessite de changer certaines habitudes pour limiter les distractions et les interruptions. Vous pouvez par exemple prévoir des plages horaires pour vous acquitter de tâches exigeantes sur le plan cognitif ou consulter vos courriels seulement deux fois par jour.
Pour terminer, afin de refaire le plein d’énergie et de me détendre, je prends des vacances. Pour accomplir cette mission, la seule tâche à mon calendrier est le repos! Au plaisir de vous retrouver à la mi-août!
Sources
Cal Newport. Deep Work: Rules for Focused Success in a Distracted World, 2016
Dave Coplin. The Rise of the Humans: How to Outsmart the Digital Deluge, Harriman House, 2014).
Dave Crenshaw. The Myth of Multitasking: How ‘’Doing it All’’ Gets Nothing Done, Jossey-Bass, 2008.
Émilie Auvrouin. Le mythe du cerveau multitâche, Pour la Science, mai 2010.