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Prends tes distances, même avec ton portefeuille!

Prends tes distances, même avec ton portefeuille!

Aujourd’hui, tu soulignes ta première journée de quarantaine. Tu changes ta photo de profil sur Facebook en y ajoutant la mention #RestezChezVous, tu regardes le point de presse du très rassurant François Legault, tu te demandes s’il y a un lien entre la bière Corona et le coronavirus (bien sûr que non, évidemment), tu entreposes tes 80 rouleaux de papier de toilette et, par la suite, tu consultes ton portefeuille boursier en ligne.

Ouch!

Quoi? Mon portefeuille est en baisse de 30 %! Ça n’a pas de bon sens…

Tu te répètes alors ceci : « Garde le cap et concentre-toi sur le long terme ».

Mais tu en es incapable, car tu portes uniquement ton attention sur la perte théorique de ton portefeuille. Ayoye, je viens de perdre 25 000 $! C’est une réaction tout à fait normale, car il est reconnu que l’inconfort psychologique causé par une perte financière a un impact deux fois plus grand que la satisfaction tirée d’un profit similaire. Craignant le pire, tu décides alors de liquider ton portefeuille…

« Je peux résister à tout, sauf à la tentation. »
— Oscar Wilde, écrivain, romancier, dramaturge et poète irlandais

Bien entendu, dans un contexte boursier aussi incertain et volatil, la solution est de ne pas suivre l’évolution de ton portefeuille. Je le sais, c’est beaucoup plus facile à dire qu’à faire. Lorsque la tentation est forte, il est très difficile d’y résister. Au lieu de miser sur le contrôle de soi, je t’invite plutôt à gérer ton environnement.

Dans le cadre d’une expérience, les participants devaient patienter dans une salle d’attente avant de répondre à un questionnaire. Pour passer le temps, ils avaient le choix entre deux sortes de collations : un bol de pop-corn et une pomme coupée en quartiers qui ont été disposés de deux manières différentes.

Dans la première situation, le bol de pop-corn était placé à portée de main et la pomme était sur le comptoir, à quelques mètres de distance. Dans la deuxième situation, on a proposé l’inverse, c’est-à-dire que le fruit était accessible tandis que la friandise l’était moins.

Proximité de la collation

Situation 1

Situation 2

Proche Pop-corn Pomme
Éloignée Pomme Pop-corn

Pouvez-vous deviner quel a été le résultat?

Les sujets de la situation 2 ont consommé trois fois moins de calories que ceux de la situation 1! Eh oui, le simple fait que l’accès au bol de pop-corn exigeait un effort supplémentaire a découragé de nombreux participants de l’étude et a favorisé la consommation des quartiers de pomme.

La morale de cette expérience est que tu dois créer une distance entre toi et l’accès à la performance de ton portefeuille. Si tu gères tes finances, je suppose que tu as un portefeuille bien diversifié qui correspond à tes objectifs de placement et à ta tolérance au risque. Si c’est le cas, je t’encourage à supprimer toute application mobile qui te permet de suivre en direct la Bourse et à consulter ton relevé de portefeuille qu’une seule fois par trimestre. Si tu confies plutôt la gestion de tes placements à un professionnel de la finance, lâche prise, tu es entre bonnes mains.

Dans la vie, en situation de crise, on pense que la solution réside dans l’action. Mais à la Bourse, on doit faire le contraire en demeurant pleinement investi. Rends-toi donc service et prends tes distances avec ton portefeuille!

Sources :

Kahneman, D., Tversky, A., (1979). Prospect Theory: An Analysis of Decision under Risk,
Econometrica 47:2, 263-291.

Wood, W. (2019). Good Habits, Bad Habits: The Science of Making Positive Changes That Stick,
Farrar, Straus and Giroux.

Gérer sa vie comme un superhéros

Gérer sa vie comme un superhéros

La réorganisation de l’emploi du temps n’est pas facile en cette période de Covid-19.

Tu travailles de la maison et tu viens d’apprendre que les écoles seront fermées jusqu’au 1 er  mai. Oh! Tu dois livrer un projet important à ton client, mais tu dois en même temps occuper ton enfant. Ah!

Pas de panique! Je te propose d’essayer une tactique qui a fait ses preuves dans le cadre d’une étude effectuée auprès de 180 enfants âgés de 4 à 6 ans, l’effet Batman.

Voici comment ça marche :

  • Tu déguises ton enfant avec le costume d’un superhéros de son choix
  • Tu lui donnes un défi qui demande de la concentration ou tu lui assignes une tâche ennuyeuse comme nettoyer sa chambre ou ramasser ses jouets
  • Tu lui dis alors de s’imaginer qu’il est le superhéros en question et qu’il est doté de pouvoirs spéciaux pour réaliser ce qui lui a été demandé

En procédant ainsi, l’enfant s’identifie à son modèle, ce qui augmente son niveau de persévérance. En effet, il veut tellement imiter son superhéros qu’il sera plus motivé et moins tenté par les distractions. Ça vaut le coup d’essayer!

Si cela fonctionne chez les enfants en bas âge, peut-on s’en inspirer pour une meilleure prise de décision chez les adultes?

Bien sûr que oui! En voici un exemple :

Tu as investi à la Bourse. Avec tout ce qui se passe, tu es anxieux et tu ne sais pas du tout quoi faire avec tes placements. C’est ici que l’effet Batman peut s’avérer très utile. Sois sans crainte, tu ne seras pas obligé de te déguiser…

Sans contredit, Warren Buffett est un superhéros dans le domaine de l’investissement boursier. À l’image de l’expérience décrite ci-dessus, avant de liquider ton portefeuille, demande-toi plutôt ce que Warren Buffett ferait dans cette situation. Jusqu’à preuve du contraire, il prône la patience, car il demeure persuadé que les marchés boursiers rebondiront plus tard.

Peu importe l’âge, un changement de perspective permet une prise de décision plus éclairée.

J’espère vraiment que mon conseil t’aidera tant à la maison qu’à la Bourse. Pour terminer, je te laisse sur cette sage parole de mon superhéros Maître Yoda : « Que la Force soit avec toi. »

Source:

Morin, A. How to Use the ‘Batman Effect’ To Teach Kids Perseverance. Psychology Today. 12
février 2018.

Baisse de la Bourse : Don’t stop believin’

Baisse de la Bourse : Don’t stop believin’

Chaque jour, l’investisseur doit composer avec la possibilité de perdre d’importantes sommes d’argent à la suite d’épisodes malencontreux comme le coronavirus ou l’effondrement des cours pétroliers. Par exemple, dans la situation actuelle, les marchés boursiers ont chuté près de 30 % en l’espace de trois semaines. Bien que nous soyons à la merci de ces événements, nous sommes tout de même responsables de la façon dont nous y répondons.

Pour réagir adéquatement à ces imprévus, il faut comprendre que nous ne pouvons pas contrôler nos émotions. Ces dernières sont des phénomènes biologiques, donc elles se présentent de manière naturelle. Par exemple, avant de donner une conférence, je vis toujours quelques minutes particulièrement angoissantes : j’ai la bouche sèche, le cœur qui bat la chamade, des papillons dans le ventre, les mains moites et les jambes molles. Mon cerveau anticipe un événement pouvant menacer mon estime personnelle, ce qui pousse mon système de défense à déclencher des réactions physiologiques immédiates. Sachant que ces manifestations physiques apparaissent automatiquement, une réponse adéquate de ma part s’impose. C’est pour cette raison que l’on parle de gérer plutôt que de contrôler ses émotions.

« Tout est affaire de point de vue, et le malheur n’est souvent que le signe d’une fausse interprétation de la vie. »
— Citation de Henry de Montherlant, académicien, écrivain et romancier français

Dans ce billet, j’aimerais donc vous donner un truc que j’utilise pour composer avec une situation stressante comme prendre la parole en public ou expérimenter la volatilité des marchés boursiers.

Selon le neuroscientifique Alex Korb, que nous ressentions de la peur ou de l’excitation, les réactions physiologiques sont les mêmes. En fait, ces dernières proviennent de notre système limbique, une région du cerveau qui joue un rôle primordial dans le comportement et, particulièrement, dans l’expression de diverses émotions comme la peur et le plaisir. C’est pourquoi notre corps a tendance à réagir de la même façon, que nous passions une entrevue de sélection ou que nous exécutions un saut en parachute.

En étant conscient de cette réalité, face à ce marché boursier baissier, je vous invite à vous débarrasser de votre dialogue intérieur négatif et à miser plutôt sur des éléments constructifs tels que l’occasion qui se présente de faire le plein d’investissements en vous rappelant qu’à long terme, les indices de référence ont un biais haussier et génèrent un rendement moyen d’environ 10 %.

À ce sujet, Alison Wood Brooks, professeure à l’université Harvard, a mené une expérience fort intéressante lors de laquelle elle a demandé à des participants d’interpréter la chanson à succès Don’t Stop Believin’ du groupe Journey. Avant de commencer leur prestation, ils ont été séparés en trois groupes en fonction d’une instruction précise : le premier groupe devait se dire « Je suis anxieux », le deuxième devait se dire « Je suis excité », alors que le troisième groupe n’a reçu aucune directive particulière (groupe témoin). Par la suite, un ordinateur a évalué leur performance en leur attribuant une note sur une échelle de 0 à 100 %; 0 % étant une « performance lamentable » et 100 % représentant une « performance remarquable ».

Contitions

Résultats

Je suis anxieux 53 %
Groupe témoin 69 %
Je suis excité 81 %

 

Les résultats confirment les bienfaits d’un état d’esprit axé sur l’optimisme. En effet, lorsque nous sommes anxieux, nous portons attention aux situations potentiellement menaçantes, ce qui nuit considérablement à notre performance alors que, lorsque nous sommes excités, nous anticipons plutôt des résultats positifs, ce qui nous amène à réaliser une bien meilleure performance.

Selon ce qui précède, si vous éprouvez de l’anxiété par rapport à votre portefeuille boursier dans ce contexte d’incertitude, gardez le sourire en maintenant le cap sur l’atteinte de vos objectifs financiers à long terme et, surtout, en vous rappelant ceci : Don’t Stop Believin’!

Sources :

Brooks, A. (2014). Get excited: Reappraising Pre-Performance Anxiety as Excitement. Journal of
Experiment of Psychology. Vol. 143, No. 3, 1144-1158.

Korb, A. (2014). Predictable Fear, Psychology Today.

Le coronavirus, un événement « cygne noir »

Le coronavirus, un événement « cygne noir »

Au tournant de la nouvelle décennie, les stratèges de Charles Schwab et de Deutsche Bank, deux firmes d’investissement bien établies, ont fourni leur liste des principaux risques pouvant nuire aux marchés boursiers au cours de la prochaine année.

En voici un aperçu :

  • Le retour de l’inflation;
  • Un conflit géopolitique;
  • La saga du Brexit qui se termine mal;
  • Des conditions de crédit qui se détériorent;
  • Un krach immobilier en Australie, au Canada et en Suède;
  • Un résultat surprise lors de la prochaine élection présidentielle américaine;
  • Un important ralentissement économique pour la Chine, l’Europe et le Japon;
  • Le climat d’incertitude qui persiste en ce qui a trait à la guerre commerciale sino-américaine;
  • Une règlementation accrue pour les géants de la technologie comme Amazon, Facebook et Google.

Comme vous l’avez sûrement constaté, l’épidémie du coronavirus ne faisait pas partie de cette liste.

C’est normal, car c’est un événement « cygne noir », concept proposé par le philosophe et mathématicien Nassim Nicholas Taleb, qui s’est inspiré d’une histoire datant du 17 e  siècle. À l’époque, les Européens croyaient que tous les cygnes étaient blancs puisque personne n’avait vu de cygne d’une autre couleur. Eh bien, lors d’une expédition en Australie, des explorateurs allemands devinrent les premiers Européens à voir un cygne noir…

M. Taleb décrit donc ce terme comme un événement imprévisible dont la probabilité d’occurrence est impossible à calculer et qui, lorsqu’il se réalise, a des conséquences d’une portée considérable et exceptionnelle. À titre d’exemple, nous pouvons citer la Première Guerre mondiale, la chute de l’URSS, les attentats du 11 septembre et, bien sûr, l’épisode du coronavirus en 2020. Au moment d’écrire ces lignes, on compte plus de 3 000 décès et quelque 100 000 personnes infectées.

Étant donné notre incapacité à prédire ce type d’événement, en gestion de portefeuille, je vous recommande deux stratégies fort simples. La première est de concevoir un portefeuille bien diversifié sur le plan des titres, des secteurs, des styles de gestion, des catégories d’actifs et des régions géographiques. La deuxième est d’instaurer un plan d’investissement systématique qui consiste à investir de façon automatique la même somme d’argent à une fréquence régulière dans ce même portefeuille. Ainsi, face à un événement comme l’épidémie du coronavirus, votre portefeuille sera alors mieux immunisé…

Sources :
Jeffrey Kleintop. Top Ten Global Risks For Investors in 2020. Charles Schwab, Market Commentary, 6 janvier 2020.

Nassim Nicholas Taleb. The Black Swan : The impact of the Highly Improbable, Penguin, 2008.

Yun Li. Here are the biggest risks to the financial markets in 2020. CNBC, 10 novembre 2019.