Connaissez-vous la règle des 7-38-55?
Proposée par Albert Mehrabian, psychologue et professeur émérite à l’Université de Californie, elle fait ressortir l’importance d’aller au-delà des mots lorsque nous communiquons. Ce que nous disons est important, mais ce qui l’est encore plus, c’est la manière dont nous le faisons. À cet égard, voici les résultats de deux études publiées en 1967 :
-7 % de la communication est verbale (la signification des mots);
-38 % de la communication est vocale (l’intonation et le son de la voix);
-55 % de la communication est visuelle (les expressions du visage et le langage corporel).
Bien que ces données aient fait l’objet de nombreuses critiques, cette formule, appelée aussi la règle des 3 V (verbale, vocale, visuelle), nous sensibilise au fait que plusieurs signes non verbaux jouent un rôle dans la communication interpersonnelle. Pour mieux saisir ce point, rien de mieux qu’un exemple historique.
En 1960, pour la première fois de l’histoire, deux candidats à la présidence des États-Unis, le sénateur démocrate John F. Kennedy et le vice-président républicain Richard Nixon, se sont affrontés dans le cadre d’un débat télévisé. Le débat a d’ailleurs suscité énormément d’intérêt et a été vu par quelque 70 millions de téléspectateurs. Or, comme la radio demeurait malgré tout un médium de choix à l’époque, on a pu mesurer l’impact de la communication non verbale sur l’opinion des électeurs quant à la performance des deux politiciens.
En fait, d’après les résultats d’un sondage, ceux qui ont visionné le face-à-face ont préféré la prestation de Kennedy, alors que ceux qui l’ont écouté à la radio ont donné Nixon comme vainqueur. Cela s’expliquerait principalement par le fait que Kennedy était bronzé, détendu, frais et dispos alors que Nixon avait l’air fatigué et amaigri en raison d’une hospitalisation récente. Il convient toutefois de noter que la méthodologie utilisée pour mener ce sondage a été sévèrement critiquée par W. Joseph Campbell, un spécialiste des médias.
Il n’en demeure pas moins que Kennedy a reconnu que le premier débat télévisé a été le facteur déterminant de sa victoire à l’élection présidentielle, un avis partagé par son rival. En effet, Nixon a refusé de participer aux débats télévisés des campagnes présidentielles de 1968 et 1972!
Ainsi, la prochaine fois que vous serez appelé à faire une présentation dans le cadre de votre travail, je vous invite à porter une attention particulière à votre communication non verbale. Pour ce faire, vous pouvez vous exercer devant votre miroir, votre conjoint.e et, pourquoi pas, vous enregistrer pour prendre conscience de vos mimiques!
Sources :
David Greenberg. Rewinding the Kennedy-Nixon Debates. Slate, 24 septembre 2010.
Jean-François Nadeau. Le débat Kennedy-Nixon, ses enseignements pour la politique québécoise. Le Devoir, 26 septembre 2016.
Marie Morelli. 3 myths about first presidential TV debate between Kennedy, Nixon. Syracuse.com, 4 janvier 2019.
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