J’aimerais commencer en vous faisant une confidence : je déteste ma voix! En tant que conférencier, ce n’est pas très pratique…
Mais je ne m’empêche pas de parler pour autant, loin de là. D’ailleurs, en cette période de confinement, je prends un réel plaisir à participer à l’enregistrement de baladodiffusions. Cependant, chaque fois que me je réécoute, j’éprouve de la gêne. En effet, je trouve que ma voix est nasillarde et parfois haut perchée.
Bon, certains d’entre vous diront que j’exagère un peu, mais le fait demeure que je n’ai jamais aimé ma voix. D’ailleurs, mon rêve le plus fou est d’avoir la voix de James Earl Jones, c’est-à-dire une voix grave, profonde et caverneuse. Si ce nom ne vous dit rien, il s’agit de l’acteur qui a prêté sa voix au célèbre personnage de Dark Vador dans la Guerre des étoiles. Fait cocasse, au cours du premier épisode, le rôle de Dark Vador a été incarné par David Prowse, un imposant culturiste et haltérophile. Toutefois, à la suite de son audition plutôt malaisante, le réalisateur George Lucas a décidé de remplacer sa voix par celle de James Earl Jones. Pour les curieux, voici un extrait vidéo très comique :
« Calme-toi est la pire chose qu’on puisse dire à quelqu’un d’énervé. »
— Anonyme
Dans ce contexte d’incertitude liée à la COVID-19, il est normal d’être plus émotif. Par exemple, à la suite de la récente chute des cours boursiers, nombreux sont ceux qui éprouvent de l’anxiété face à leurs placements. Pris de panique, ils communiquent avec leur conseiller financier afin d’être rassurés. Malheureusement, au lieu de faire preuve d’empathie pour calmer le jeu, il est fréquent de constater que des spécialistes de l’investissement étalent plutôt leur savoir en utilisant un jargon financier complexe et difficile à comprendre. Or, cette stratégie s’avère peu efficace, car elle préconise la pensée rationnelle plutôt que de désamorcer la crise émotionnelle.
Avant tout, dans un climat de confiance et de respect, le conseiller financier se doit d’être à l’écoute et de poser des questions. Pour ce faire, le simple fait de parler avec une voix plus grave et posée l’aidera grandement à établir sa crédibilité et à augmenter sa probabilité de succès à long terme. À cet égard, un groupe de professeurs des universités de Duke et de Californie a analysé le ton de la voix de quelque 792 chefs de direction d’entreprises cotées en Bourse et le résultat est plus qu’étonnant.
Le haut dirigeant moyen à l’étude a 56 ans, gagne un salaire annuel de 3,7 millions de dollars et gère une organisation d’une capitalisation boursière de 2,4 milliards dollars. En ce qui concerne le ton de sa voix, déterminé par la fréquence mesurée en Hertz (Hz -le nombre d’oscillations par seconde), elle est de 125,5 Hz. Pour vous donner une idée, James Earl Jones a une fréquence de voix de 85 Hz, tandis que Barry Gibb, le chanteur du groupe The Bee Gees (Stayin’ Alive), a une fréquence de voix pouvant atteindre près de 800 Hz! Eh bien, comparativement au haut dirigeant moyen, ceux ayant un timbre de voix se situant dans les basses fréquences touchent, en moyenne, un salaire annuel plus élevé de 187 000 $ et mènent une entreprise avec une capitalisation boursière supérieure de 440 millions d’actifs!
À la lumière de ce qui précède, messieurs, je vous invite à ne pas sous-estimer ce pouvoir méconnu, mais tellement puissant d’une voix plus grave sur les gens.
Sources :
Colleen Ann Jennings. Belting is beautiful: welcoming the musical theater singer into the classical voice studio. Iowa Research Online. Été 2014.
Melissa Korn. What Does a Successful CEO Sound Like? Try a Deep Bass. The Wall Street Journal. 18 avril 2013.